Pékin voyait grand. En 2015, le gouvernement chinois tablait sur une croissance annuelle de la production laitière de 1,5 % jusqu’en 2025, pour atteindre 42 millions de tonnes. De quoi se rapprocher des 63,2 millions de tonnes de produits laitiers consommés prévus à la même échéance.
« Faisant suite à la crise de la mélamine en 2008, les autorités ont mis en place une politique de reconquête du marché intérieur, explique Jean-Marc Chaumet, spécialiste de la Chine à l’Institut de l’élevage (Idele). De grandes unités de production de plusieurs milliers de vaches ont été construites. À l’aval, les entreprises de collecte ont disparu, pour que les producteurs soient en prise directe avec les transformateurs. »
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Mais cette mutation ne semble pas porter ses fruits. La Chine enregistre un repli de sa production laitière de 5 % sur les deux dernières années, pour s’établir à 35,5 millions de tonnes en 2017. L’an passé, le troupeau de prim’holsteins a diminué de 10 %, et les achats de reproductrices laitières ont reculé de près de 30 %.
Importations
« Avec des prix mondiaux du lait au plus bas, les industriels ont accru les importations, ce qui vient concurrencer le lait national, analyse Jean-Marc Chaumet. Par ailleurs, la crise de confiance est toujours là, faisant suite au scandale de la mélamine. Les produits laitiers importés se vendent mieux que les produits chinois. »
Un casse-tête pour les industriels locaux qui, poussés par les autorités, continuent de collecter le lait de leurs producteurs, sans réel débouché. « Les laiteries ne s’engagent que sur des volumes contractuels restreints, et tâchent de valoriser ce lait en fabriquant des produits de haut de gamme, relève le spécialiste. Le prix moyen du lait sous contrat atteint 460 €/t en 2017. Pour les volumes hors contrat, il peut descendre jusqu’à 130 €/t. »
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En conséquence, les plus grandes sociétés de production laitière, comme Modern Dairy, anticipent des pertes pour 2018, d’autant que les coûts de production atteignent 400 à 430 €/t. L’an passé, la Chine a importé près de 1,8 million de tonnes de foin, principalement des États-Unis.
« Un programme national de développement de la luzerne est engagé, mais il semble prendre du retard », précise Jean-Marc Chaumet. En revanche, l’alimentation énergétique est assurée par des stocks pléthoriques de maïs. « Entre 2008 et 2015, un système de prix minimum a été instauré pour inciter à la production. Mais le décalage avec les prix mondiaux a poussé les autorités à intervenir, ainsi qu’à acheter massivement. »
Dans de telles conditions, quel est l’avenir de la production laitière en Chine ? « C’est mal engagé, estime Jean-Marc Chaumet. Car les importations sous contrôle d’entreprises chinoises implantées à l’étranger s’accroissent, et continuent de mettre en difficulté la filière nationale. »