Après une année 2016 au plus bas, le cours moyen de la vache R n’a repris que 0,09 €/kg de carcasse en 2017. « Malgré un léger mieux, 2017 reste une année noire pour les réformes allaitantes, observe Caroline Monniot, économiste à l’Institut de l’élevage (Idele). En fin d’année, les cours sont même passés en dessous de ceux de 2016. » La situation aurait pourtant pu être un peu différente, l’année écoulée étant marquée par un recul de 3 % des abattages de vaches laitières. « Comme prévu, le cheptel allaitant est entré en phase de décapitalisation, mais l’ampleur de la baisse nous a surpris. Au 1er décembre 2017, l’effectif de vaches allaitantes était inférieur de 2,2 % à celui du 1er décembre 2016. » Conséquence : une augmentation de 5 % des abattages de réformes viande. Et impossible de compter sur la consommation française pour éponger cette hausse. Au contraire, elle a continué à s’effriter, à hauteur de 2,3 % sur les dix premiers mois de 2017.
Dans le bassin charolais, des problèmes de reproduction sont venus accélérer les sorties. « Jusqu’à mi-novembre, le marché des vaches charolaises était fluide, même si les prix étaient loin d’être suffisants, constate Raphaël Colas, de la coopérative Féder. Depuis, l’afflux de marchandise plombe le marché et les délais de ramassage atteignent trois à quatre semaines. » Cette abondance de réformes charolaises serait liée à des problèmes de reproduction, qui entraîneraient une forte baisse des vêlages d’automne, « 20 % environ entre le 1er août et le 30 novembre pour les départements de l’Allier et de la Saône-et-Loire, détaille Raphaël Colas. Je crains que cette situation perdure pendant un moment et que les cours continuent à baisser. » Un pessimisme partagé par Caroline Monniot. « En 2018, la baisse du cheptel allaitant va probablement se poursuivre à un rythme similaire. Dans ce cas, les sorties d’animaux seront équivalentes à celles de 2017. »
Incertitudes
Le marché des réformes allaitantes évoluera aussi en fonction de celui des réformes laitières et des jeunes bovins. « Il est probable que le cheptel laitier continue à diminuer et, si la baisse s’accélère, on pourrait facilement se retrouver avec 20 000 réformes en plus dans les abattoirs, explique l’économiste. A contrario, il pourrait y avoir moins de jeunes bovins, ce qui permettrait d’alléger un peu le marché. » Reste l’éventualité d’une accélération des exportations, en cas d’ouverture de nouveaux marchés.