Delphine et Ludovic Liénard ont privilégié la race mixte bleue du Nord dans leur élevage car elle valorise bien les prairies et présente un bon équilibre entre la production de lait et de viande. « Introduite sur l’exploitation il y a trois générations, elle représente aujourd’hui 60 % de nos laitières », précise l’éleveur installé à Beaufort, dans le Nord. Des holsteins complètent le troupeau.
Quinze ans de concours
En 2008, il a repris la ferme de ses parents qui disposait d’un quota de 200 000 l de lait. En tant que jeune agriculteur, il a bénéficié de 260 000 l supplémentaires. « Lorsque Delphine a rejoint l’exploitation, en reprenant la partie élevage de la ferme de ses parents, 250 000 l sont venus s’ajouter, se souvient Ludovic Liénard. Depuis, la coopérative Ucanel nous a attribué des volumes supplémentaires, ce qui porte aujourd’hui notre contrat de production à 760 000 l. » Les deux éleveurs n’en ont pas pour autant abandonné la bleue du Nord, bien que la production moyenne des vaches de la race se situe, chez eux, autour de 6 000 kg/lactation - celle des holsteins atteint 10 500 kg.


Le couple est même un fervent défenseur de la bleue du Nord. Il présente des animaux aux concours, depuis quinze ans, dans les Hauts-de-France, berceau naturel de la race, ainsi qu’à Paris. Il a décroché les prix de la meilleure championne jeune et meilleure championne adulte, à Paris en 2019, de même que celui de la plus belle vache des Hauts-de-France en 2021.
Un nouveau bloc traite
Pour mener la montée en puissance de l’atelier lait, Delphine et Ludovic Liénard ont investi dans un bâtiment de 800 m2 sur aire paillée pour le logement des vaches et un autre de 360 m2 qui accueille un nouveau bloc traite de 2 x 10. Ils ont prévu de construire de nouvelles installations pour nourrir les génisses. Avec plus de la moitié de sa surface en prairies permanentes, la ferme est tournée à quasi 100 % vers l’élevage. Seuls les 15 ha de blé partent à la vente.
« Pour optimiser l’exploitation des prairies et la production de lait, le troupeau de laitières est divisé en deux lots. L’un est composé des plus productives, c’est-à-dire la plupart des holsteins et les plus grosses laitières bleues du Nord. L’autre de vaches moins productives, explique l’éleveur. Le premier est conduit d’avril à novembre en pâture au fil que l’on bouge tous les jours, avec une ration de maïs quotidienne, à l’étable. Pour le second, les vaches sont à 100 % à l’herbe, du printemps à l’automne. » L’hiver, les deux lots ne font plus qu’un. « Comme les vêlages sont regroupés sur septembre et octobre, l’ensemble du troupeau est en pleine production », remarque Ludovic Liénard.
La viande en bonus
L’élevage bénéficie depuis deux ans de contrats d’éco-pâturage. Au total, une quinzaine de génisses d’un an et de jeunes bœufs entretiennent, durant le printemps et l’été, 5 ha d’un verger du conservatoire des ressources génétiques et de terrains de la ville de Maubeuge et de la communauté de communes.
« Les veaux mâles holsteins sont vendus à vingt jours, indique l’exploitant. Nous gardons par contre toutes les femelles et tous les veaux mâles bleus du Nord. Une partie est élevée en bœufs et vendue à trois ans, entre 380 et 400 kg. Les autres sont commercialisés en reproducteurs (sept à huit par an) ou engraissés en taurillons. » Le lait est valorisé par la coopérative Ucanel de Petit-Fayt (Nord) en lait UHT, crème, beurre et poudre de lait. La vente des animaux est confiée à un marchand de bestiaux de la région. « Nous vendons aussi cinq à six génisses bleue du Nord par an, sous forme de colis de 5 et 10 kg auprès d’une clientèle locale », précise Delphine Liénard.
Organisée ainsi, l’exploitation procure un revenu satisfaisant aux deux associés. L’élevage dégage une marge brute par hectare de surfaces fourragères de 1 960 €, contre 1 600 € pour la moyenne de leur groupe, Avenir Conseil Élevage. « La partie viande issue de l’atelier lait explique pour moitié cette différence », ajoute l’agriculteur. La race bleue du Nord n’est pas étrangère à la valorisation correcte du lait et de la viande. L’éleveur sait que si son troupeau doit évoluer, il gardera au moins la même proportion de bleues du Nord.
Blandine Cailliez