Le dispositif est proposé depuis seulement neuf mois. Mais le conseil régional de la Bretagne, son initiateur, a déjà reçu quarante dossiers. Tous validés. Les prêts d’honneur, dédiés aux projets d’installation en porcs, bovins viande et veaux de boucherie, ont la cote dans la région.
La formule est simple : ces prêts varient de 20 000 à 50 000 euros, sur cinq ans, avec une possibilité de remboursement différé d’un à trois ans. Sans intérêt et sans garantie personnelle requise, cette source nouvelle de financement pour les futurs installés contraints à multiplier les partenaires pour boucler leur budget, séduit aussi les banques, qui y voient un gage de viabilité.
Des capitaux propres
Le prêt d’honneur a été décisif pour Sébastien Cade. Il a repris, en juillet 2017, un élevage porcin (autorisé jusqu’à 280 truies et 6 500 porcs produits) à Hénanbihen, dans les Côtes-d’Armor. Hors-cadre familial, ce Breton de trente-neuf ans s’est installé après vingt ans de salariat.
Son expérience a compté dans son dossier. Son pragmatisme aussi : il a su anticiper son installation. « Je voulais une exploitation pas trop grande, fonctionnelle et propre », souligne Sébastien. Il contacte ainsi, en mars 2014, Philippe Bréhaut. Son élevage est situé à 2,5 km de chez lui. Mais si l’homme, âgé de soixante ans, part à la retraite, sa femme, Françoise continue d’exploiter : la cession est programmée fin 2018. Sébastien patiente. Il rappelle chaque année… Jusqu’à ce coup de fil, fin 2016 : Françoise est prête à arrêter son activité.
Il faut faire vite et bien, car trois autres personnes sont sur le coup. Un emballement rare qui s’explique : après plus de quarante ans de métier, le couple Bréhaut transmet une exploitation aux normes, avec des bâtiments modernes. « Nous avons travaillé et investi en pensant à notre succession », précise Philippe. Il s’entend bien avec Sébastien Cade. Encore faut-il l’accord de la banque : le Crédit agricole a refusé son dossier, faute d’apports personnels en capitaux. Outre le cheptel et les bâtiments, 100 ha de terres sont aussi à louer. La banque veut des garanties. Une dotation jeune agriculteur (DJA) de 24 000 €, le financement du cheptel par la coopérative, la Cooperl, et un crédit vendeur ne lui suffisent pas.
Le prêt d’honneur, que la Région lui accorde à hauteur de 50 000 € (sur huit ans), est la caution qui va faire basculer la décision de la banque.
Les clignotants passent subitement au vert. Le dossier est accepté. Et Sébastien Cade s’installe, sept mois seulement après l’annonce de la cession.