« Dans les prochaines années, je n’aurai pas plus d’eau à ma disposition ; certainement même moins. La seule solution à ma portée, c’est d’être plus efficient dans son utilisation. » Après ses grands-parents et ses parents, Sylvain Kupperroth gère aujourd’hui le « Verger de la Maison Blanche », à Jumelles, dans l’est du Maine-et-Loire. Sur 21 ha (44 ha de SAU), il produit des pommes (12,40 ha), des poires (8 ha) et des kiwis (28 ares). Le tout dans des sols « sableux à très sableux » ou « sableux avec un peu d’argile ». Quelle que soit la parcelle, « on a 80 cm au minimum de sable ; dans certaines, cela va jusqu’à 5 mètres. Résultat : en hiver, les terres ont tendance à retenir l’eau — avec un risque accru d’asphyxie racinaire là où il y a de l’argile. L’été, elles sont particulièrement sèches », explique Sylvain Kupperroth.
Une référence de 106 000 m³
En système irrigué, l’arboriculteur dispose d’une référence en eau de 106 000 m³. En pratique, comme une soixantaine d’autres dans le secteur, son exploitation est raccordée à un réseau collectif enterré. Il a été mis en service en 2004-2005 et il est alimenté par l’Authion, un affluent de la Loire, avec un droit de pompage dans celle-ci. « Pour 2023, je suis autorisé à prélever 96 000 m³ dans ce réseau. » En complément, Sylvain Kupperroth dispose encore d’un forage. Il permet, à 17 mètres de profondeur, de prélever dans la nappe phréatique. Cette année toutefois, l’autorisation de prélèvement a été compliquée : elle a d’abord été refusée, puis finalement accordée à la fin de juillet. « L’autre inconvénient de cette ressource, c’est que l’eau est ferrugineuse. En goutte-à-goutte, c’est un vrai problème ! »
« L’eau du forage est ferrugineuse »
Avec la pose en 2023 de 30 km de gaines, la totalité du verger est aujourd’hui équipée de ce système d’irrigation. « Il permet d’économiser 30 % au minimum des volumes d’eau, complète Sylvain Kupperroth. En aspersion, des zones — comme les allées ou les bordures — se trouvaient arrosées sans besoin. Le goutte-à-goutte évite ces pertes : l’eau va directement aux racines de l’arbre. » Avec le même souci d’efficience, Sylvain Kupperroth s’est équipé d’une station météo. Il a également installé deux sondes capacitives : l’une en terre très sableuses ; l’autre en terre de sable/argile. « Elles descendent à 60 cm de profondeur et permettent de calculer la réserve d’eau facilement utilisable (RFU) par les arbres. C’est aussi un moyen de gérer plus finement l’irrigation. »
De l’eau contre le gel
À l’EARL de la Maison Blanche, l’eau est utilisée pour irriguer mais elle sert aussi à protéger les vergers du gel. Pour l’heure, entre 6 et 7 ha sont équipés d’un système d’aspersion sur frondaison. L’objectif serait d’arriver à couvrir 10 ha. La technique nécessite beaucoup de débit à un instant « T ». Avec 35 m³/ha, elle est aussi gourmande en eau. « Pour autant, c’est la plus efficace », pointe Sylvain Kupperroth, qui dans sa lutte contre le gel utilise aussi des bougies mais surtout des tours à vent. L’exploitation en compte quatre fixes et depuis cette année, une mobile. « Ce sont des équipements intéressants ; ils sont efficaces sur les gelées blanches mais moins sur les noires dont la fréquence augmente. .