Dans un communiqué du 9 novembre 2022, la Coordination rurale de la Vienne et ses élus qui gèrent la chambre d’agriculture expliquent pourquoi ils ont refusé de signer le protocole du bassin de Clain.
Ce nouveau protocole de gestion de l’eau, en lien avec la construction de trente réserves affectées à l’irrigation agricole, a été validé dans la Vienne le 3 novembre 2022, quelques jours après les manifestations contre un projet de bassine dans les Deux-Sèvres.
Un protocole contraignant sans garantie
Après avoir rappelé leur engagement pour « la construction des réserves pour le stockage de l’eau destinée à l’irrigation », les élus de la Coordination rurale indiquent que le protocole de la Vienne « n’a rien à voir avec celui validé dans les Deux-Sèvres et qui est, ici, décorrélé de l’autorisation des réserves ». Pour le syndicat, « il n’est pas question de réserves, mais d’un protocole très contraignant pour les agriculteurs qui ne garantit en aucun cas, ni le financement, ni la construction de ces réserves » et il s'interroge : « Pourquoi, dans un tel contexte, la FDSEA 86 et les JA l’ont-ils approuvé ? »
Les élus de la Coordination rurale indiquent que « dès la première année de validation du protocole, les agriculteurs s’engagent, sur la partie irriguée et non irriguée de leur exploitation, à notamment mettre en place une gestion fondée sur une logique de résultats, en réalisant un diagnostic initial de chaque exploitation, en baissant les IFT herbicides et tous produits confondus, respectivement de –30 % et –50 % à l'échéance de 2028 et en réduisant le taux de nitrates dans les sols », cela sans que les réserves soient une réalité.
Lettre ouverte au ministre de l'Écologie
Le lendemain de ce communiqué, Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, a envoyé une lettre ouverte à Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, sur le thème des prélèvements d’eau réalisés pour les usages agricoles : « Nous avons été profondément choqués par vos propos tenus lors de la matinale de France Inter le 29 octobre dernier (…). Selon vos allégations, le secteur agricole prélève la moitié de la ressource en eau (…). Selon l’OFB et le Service de l’observation et des statistiques (SoeS) de votre propre ministère, le prélèvement de l’eau par l’agriculture est de 9 %. » Ces "contrevérités" stigmatisent l'agriculture, poursuit Bernard Lannes.
Si le président de la Coordination rurale reconnaît que, lors de cette intervention, le ministre s’est positionné en faveur des retenues d’eau agricoles, il s’étonne que ce dernier ait « qualifié de « juste » la cause des multiples groupuscules qui ont vandalisé le site de Sainte-Soline et attaqué les forces de l’ordre ».
« Vous avez rappelé les années de dialogue et de médiation qui ont abouti à un consensus pour le département des Deux-Sèvres. Si la concertation a été le maître-mot des quatre années qui ont précédé l’accord, pourquoi ne pas reconnaître que le combat mené par les opposants aux bassines est un combat purement politique ? », interroge Bernard Lannes et de conclure : « L’ensemble de ces mensonges contribue à légitimer les actions violentes des activistes et la stigmatisation de l’agriculture. Cela ne résoudra en rien la problématique de l’eau en France ».