« La technique n’est pas parfaite mais elle est prometteuse », résume Jos Tielen, chercheur en agronomie de l’université de Wageningen (Pays-Bas). L’épandage de couverts par drone est une solution séduisante sur le papier puisqu’elle permet d’implanter l’interculture pendant que la culture principale est encore en place.

Un essai sur le terrain

Afin d’évaluer l’intérêt de la méthode, Jos Tielen a mis en place un essai en septembre 2023, sur les terres de Pieter van Leeuwen, un agriculteur qui conduit l’ensemble de ses cultures en semis direct et rencontre des difficultés de gestion des ray-grass. Un problème qui est compliqué par la présence de couverts habituellement semés un mois après la levée du maïs.

L’agriculteur était donc motivé par le semis par drone juste avant la récolte. Les tests ont été menés sur deux parcelles, l’un de maïs ensilage et l’autre de maïs grain. Le couvert était un mélange relativement classique aux Pays-Bas avec du chou frisé et du radis fourrager. Il a bénéficié d’une pluviométrie favorable.

Des adaptations sur le drone

Le drone équipé d’une trémie a suivi un parcours enregistré au préalable afin de réaliser un semis aussi uniforme que possible et a volé à faible altitude. Après l’ensilage et la moisson, Jos Tielen a évalué les résultats. Son premier constat est que la germination du couvert est satisfaisante. Néanmoins, il a constaté une présence non négligeable de grains germés sur les tiges au sol après la moisson.

De plus en plus d'équipementiers proposent des appareils de semis et d'épandage adaptés aux drones. (©  Aeroseeder)

Sur le maïs ensilage, l’ensoleillement au niveau du sol était relativement faible en raison de l’importante densité foliaire. En conséquence, le chercheur a relevé un grand nombre de choux et de radis anormalement faibles, pâles, avec des tiges blanches. Même une semaine après l’ensilage et l’exposition la lumière, cet aspect fragile a persisté.

Revoir la date de semis

Sur le maïs grain, qui était plus mature lors du semis et laissait donc passer davantage la lumière, les radis et choux sont plus vigoureux et bien verts. Les couverts les plus vigoureux sont ceux qui ont germé au moment du broyage, une semaine après la moisson, ou même après.

Afin de corriger le problème dans le maïs ensilage, l’agriculteur envisage de semer les couverts plus tard cette année mais s’inquiète d’un effet sur la nutrition azotée des plantules.

Enfin, le chercheur pointe des densités irrégulières de couvert dans les deux parcelles. Il attribue ce manque d’homogénéité au dispositif de semis monté sur le drone, adaptation d’un système d’épandage d’anti-limaces. Pour Jos Tielen, le développement de matériels spécifiquement adaptés aux drones devrait aider à améliorer la régularité du semis. Pour la prochaine campagne, il souhaite évaluer les performances du semis au drone avec d’autres espèces.