Alors que son adoption sur le terrain est encore anecdotique, la pulvérisation ciblée agite tous les bureaux d’études des constructeurs et les start-up. Leur objectif : améliorer la fiabilité de la technique et réduire son coût afin d’encourager les agriculteurs à la choisir. Alors que les solutions d’Amazone, Carbon Bee et Bilbery arrivent tout juste en commercialisation, la nouvelle génération de solutions de pulvérisation ciblée est déjà dans les tuyaux. Désormais, il ne s’agit plus seulement de détecter des adventices sur sol nu mais de les repérer dans la culture en végétation et de les identifier pour appliquer un herbicide adapté.

 

Le dispositif DroneLink, proposé par Amazone, effectue une cartographie des adventices et génère une carte d’application pour le pulvérisateur. Cette solution est utilisable sur une machine standard. © Amazone
Le dispositif DroneLink, proposé par Amazone, effectue une cartographie des adventices et génère une carte d’application pour le pulvérisateur. Cette solution est utilisable sur une machine standard. © Amazone

Moins d’un millimètre de précision

Déjà en service sur quatre exploitations britanniques, les robots Tom Weed Mapping parcourent les parcelles à la recherche d’adventices. Au rythme d’une vingtaine d’hectares par jour, le robot dresse une carte intraparcellaire de la présence de bioagresseurs. Sur sa rampe prennent place deux caméras dotées d’un champ de vision de 6 m. Elles détectent les adventices parmi les blés avec une précision de moins d’un millimètre. Cette performance doit permettre d’identifier les adventices les plus camouflées. L’analyse des images transmises par les caméras est confiée à une intelligence artificielle baptisée Wilma. C’est cet algorithme qui dressera la carte intraparcellaire des adventices pour l’agriculteur. Cette carte peut être utilisée en vue de moduler ou de cibler un futur traitement mais aussi de mesurer l’efficacité de l’emploi d’un produit en réalisant un passage post-traitement.

 

Le dispositif Blue River, de John Deere, impose d’investir dans un nouvel équipement. Il ne se rentabilise que sur des cultures à forte valeur ajoutée, comme ici le coton. A terme, il pourra être employé pour traiter les maladies et appliquer la fertilisation localisée. © John Deere
Le dispositif Blue River, de John Deere, impose d’investir dans un nouvel équipement. Il ne se rentabilise que sur des cultures à forte valeur ajoutée, comme ici le coton. A terme, il pourra être employé pour traiter les maladies et appliquer la fertilisation localisée. © John Deere

Amazone se sert d’un principe similaire mais préfère s’offrir les services d’un drone. L’aéronef survole la parcelle concernée avec une caméra RGB spéciale. Les photos sont géoréférencées et le logiciel DroneLink effectue une cartographie des adventices et génère une carte d’application pour la pulvérisation. Afin de fiabiliser le traitement ciblé, les spots de traitement sont élargis sur une zone de sécurité d’un mètre.

 

Les buses du mécanisme Blue River sont disposées tous les 10 cm. © John Deere
Les buses du mécanisme Blue River sont disposées tous les 10 cm. © John Deere

Apprentissage intensif

De son côté, John Deere mise sur sa filiale Blue River pour accélérer le développement de la pulvérisation ciblée. Mais contrairement aux solutions européennes, le dispositif ne se monte pas sur un pulvérisateur classique. C’est donc un nouvel engin, avec des buses placées tous les dix centimètres et un carénage complet, qui procède au traitement.

Pour identifier les mauvaises herbes à différents stades de développement, les ingénieurs de Blue River ont « gavé » l’intelligence artificielle du système avec des milliers d’images de chaque adventice. Elle a aussi appris à reconnaître les différentes variétés de la culture et leurs stades de développement afin de ne pas appliquer d’herbicide. En plus de son activité de traitement en plein champ, l’intelligence artificielle du pulvérisateur identifie chaque adventice et génère un rapport sur la pression d’une mauvaise herbe particulière dans la parcelle.

Corinne Le Gall