C’est dans le village de Tétaigne du Grand-Est que se trouve la SCEA Laitsensciel, une exploitation familiale avec 60 vaches laitières pour activité principale. Jean-Marie Pierre et ses deux fils Cyril et Adrien s’occupent du troupeau en plus des 150 ha de cultures bio. Parmi les cultures, l’exploitation compte 3 ha de betteraves fourragères dans lesquelles il est difficile de désherber. C’est en échangeant avec Bionalan, un entrepreneur-constructeur du secteur, que les agriculteurs ont pu utiliser la nouvelle machine Tig’Air, une solution différente pour le désherbage.
Un désherbage difficile
« Depuis de nombreuses années, nous cultivons quelques hectares de betteraves fourragères, avec un problème de désherbage. Avec le bio, nous ne pouvons pas utiliser de produits phytosanitaires, et devons revenir aux méthodes traditionnelles », explique Jean-Marie. Adrien continue : « Pour réduire les adventices, les betteraves fourragères sont repiquées, puis nous les binons lorsque c’est encore possible. »
C’est par la suite que les choses se corsent, lorsque les betteraves ont tellement grossi que le binage devient impossible. « Pendant un moment, nous laissions les betteraves se faire dépasser par les mauvaises herbes. Ensuite, nous avons essayé une machine d’arrachage des adventices avec des pneus, mais le résultat n’était pas concluant ».

Non loin de la ferme, Bionalan développait une machine pour le problème des adventices, justement. « Après une discussion avec la marque, nous avons trouvé un accord. Depuis deux ans, nous utilisons donc le prototype. La marque vient faire des essais dans nos parcelles, en échange du prêt d’un tracteur l’année dernière. C’est avantageux pour les deux parties et de notre côté, nous évitons d’investir pour seulement 3 ha ».
Rien ne dépasse
L’utilisation de la machine est très simple. Branché sur la prise de force, un système de pignons et de chaînes entraîne un rouleau horizontal. Sur ce dernier, des bandes en caoutchouc sont placées en quinconce. Cette matière permet d’agripper au mieux les plantes plus hautes que les betteraves (ou autre culture en fonction de l’utilisation). À l’arrière du rouleau, les plantes se trouvent pincées avec deux contre-rouleaux libres, eux aussi en caoutchouc. « L’avantage, comparé à une machine à pneus, c’est que la zone de travail est sur toute la largeur, dans mon cas 3 mètres. Alors que la machine à pneus laissait des adventices sur certaines lignes, ici tout est arraché », avance Jean-Marie.

« Pour un bon travail, il faut passer au moment idéal. C’est-à-dire qu’il faut que la plante soit assez haute et fibreuse pour être attrapée sans se déchirer, sans qu’elle soit trop grosse pour que la racine suive bien », explique Adrien. Une fois déracinées, les mauvaises herbes sont déposées à la surface, et se décomposeront naturellement. La hauteur de la machine se règle avec les bras de relevage et le troisième point. « Parfois, il manque un peu de stabilité. Il suffit d’un trou pour que la Tig’Air attrape une betterave, qui sort alors de terre facilement. Il faudrait des roues de niveau à l’arrière de la machine pour qu’elle reste stable, à l’image de celles qui équipent les Tig’Air de 6 mètres. »

Avec cette solution qui arrache tout ce qui dépasse des fanes, seul le liseron pose encore un problème pendant la récolte. Cette mauvaise herbe reste compliquée à éliminer. Jean-Marie poursuit : « L’année dernière était la première et nous sommes passés une semaine avant l’arrachage, ce qui était une erreur. La surface avait beaucoup de matière organique, ce qui a gêné l’arracheuse. Cette année, nous allons faire notre deuxième et dernier passage à un mois de l’arrachage, ce qui va laisser le temps aux plantes arrachées de se décomposer. »