Alors que de nombreux constructeurs se lancent dans le désherbage mécanique, plusieurs entreprises développent des solutions alternatives comme le traitement électrique ou encore le laser. Quelques spécialistes explorent une voie différente en reprenant le principe de la pulvérisation ciblée mais avec une destruction des adventices avec un fluide sans risque pour l’environnement porté à haute température.
Travail à 3 km/h
La start-up californienne Tensorfield s’apprête ainsi à commercialiser Jetty, une machine semi-autonome qui traite les adventices avec de l’huile végétale chaude. Cet engin a pour l'instant été testé sur des cultures en rangs à forte valeur ajoutée comme les carottes, les salades et certains mélanges à base de légumineuses.
À l’avant de la machine, des caméras filment sur l’intégralité de la largeur de la machine. Une intelligence artificielle analyse les images en temps réel afin d’identifier et localiser les adventices avec précision. Le logiciel permet de travailler en vert sur vert, c’est-à-dire d’identifier les adventices en postlevée, au milieu des cultures.
L’ordinateur de bord envoie l’information aux buses située sous la machine, qui délivrent alors une microdose d’huile brûlante à l’adventice, avec une précision de l'ordre de 5 mm à 1 cm. Conçu pour travailler sur des cultures en planches de 80 cm, le Jetty embarque 8 buses. Sur la plateforme, derrière le chauffeur, Tensorfield a disposé deux réservoirs remplis d’huile de colza.
Un dispositif de chauffage au propane porte l’huile à quelques degrés sous sa température d’ébullition avant de la transférer vers les buses. Le constructeur préconise une vitesse de travail de 2 à 3 km/h. Dans les champs californiens conduits en agriculture biologique, cette solution remplace une dizaine de salariés habituellement chargés de désherber à la main.
Selon le constructeur, il est possible de désherber un hectare d’un champ relativement sale avec une recharge de propane et d’huile de colza. Pour le moment, Tensorfield ne commercialise pas le Jetty mais propose une prestation avec l’appareil en Californie et dans les états voisins, facturée 90 €/ha auxquels il faut ajouter 0,5 cent par adventice détruite.

De l’eau sous haute pression
De son côté, Continental a dévoilé lors d’Agritechnica une solution de désherbage avec de l’eau brûlante. Conçu pour les cultures sarclées, ce dispositif désherbe l’interrang en postlevée. Chaque élément comprend une caméra montée sur des joints à rotule percés de minuscules trous. La caméra détecte les adventices et une intelligence artificielle les cartographie et enregistre leur taille.
En temps réel, la détection d’une adventice entraîne la distribution d’eau brûlante (entre 85 et 95°), sous haute pression. Continental combine ainsi l’effet mécanique de la haute pression avec la brûlure foliaire afin de garantir la destruction de la plantule.
L’emploi d’un joint à rotules permet de s’assurer que l’eau est projetée dans la bonne direction, avec une grande précision. La durée de la projection et la quantité d’eau dépendent de la taille et de l’épaisseur de l’adventice détectée par les caméras. Selon Continental, plusieurs constructeurs sont intéressés par cette solution.