Installés près de Vezelay (dans le sud de l’Yonne) entre les plateaux de Bourgogne et le Morvan sur deux exploitations distantes de 5 km, Thibault van de Cappelle et Mikaël Pechery travaillent des sols hétérogènes et caillouteux. À la recherche de valeur ajoutée pour leurs parties céréalières, ils ont opté pour la production et la valorisation d’huiles végétales et essentielles destinées à la cosmétique. « L’enjeu était de trouver des plantes sortant de l’ordinaire, qui ne dépérissent pas avec la sécheresse », expliquent les agriculteurs de 36 ans.

Dix espèces

Leur choix s’est arrêté sur dix espèces destinées à la production d’huiles végétales (tournesol, chanvre, cameline, carthame, bourrache) et d’huiles essentielles (lavandin, menthe poivrée, laurier noble, sauge sclarée, camomille romaine). Alors que les premières sont intégrées dans l’assolement général des exploitations (une trentaine d’hectares), les dix hectares de plantes aromatiques sont cultivés depuis novembre 2020 en bandes, avec des couverts permanents en interrangs. Quatre rangs de menthe-camomille (longévité de quatre ans) sont ainsi implantés au milieu de deux rangs de lavande (longévité de huit ans).

Une jachère fleurie est semée entre les lauriers sensibles au puceron vert. « L’objectif est de faire jouer au maximum les synergies entre les plantes et de favoriser la biodiversité, soulignent Thibault et Mikaël. La menthe a ainsi un effet répulsif pour contrer les insectes sur la lavande. C’est un désordre organisé cultivé avec des pratiques conformes à l’agriculture biologique (désherbage manuel ou mécanique en plein champ), sans certification ».

Les agriculteurs ne maîtrisent pas encore totalement toutes les cultures. Les fiches techniques de certaines espèces, telles que la bourrache, sont rares, car il y a peu de producteurs. Il faut apprendre par soi-même, en faisant des essais, et en déterminant les meilleures façons de semer et de récolter.

Valoriser les graines

La culture des végétaux est adossée à une unité de transformation et de commercialisation. Créée en 2020, la SAS « Huiles éternelles » en référence à la colline de Vezelay achète les plantes, les transforme et commercialise les cosmétiques. « Les rendements des plants sont souvent faibles (carthame 500-700 kg/ha, bourrache 100 kg/ha) d’où la nécessité de valoriser les graines pour s’y retrouver économiquement. L’objectif est d’assurer aux exploitations une marge nette de 2 000 €/ha.

Un emprunt a été nécessaire pour financer les coûts de lancement de l’activité (80 000 € d’achat de semences, de plantation et de matériel de production), les investissements en matériel, transformation et stockage (100 000 €) et en R&D (100 000 €). Une salariée à temps partiel (désherbage manuel et pressage des graines) a été recrutée.