Alors que les sondages montrent que les bulletins de santé du végétal (BSV) restent l’une des actions les plus connues du plan Ecophyto 2 + auprès des agriculteurs, l’objectif de réduction de l’usage des pesticides de 50 % n’a pu jusqu’alors être atteint. Financés au départ à 75 % par ce plan, les BSV ont donc vu des baisses budgétaires successives ces trois dernières années, aboutissant à une perte de 25 % au total. Et avec la nouvelle version du plan Ecophyto, présenté le 28 février dernier et lancé pour l’été 2023, d’autres réductions pourraient encore être envisageables.
Élargir le lectorat
Dans ce contexte, un vaste projet de réorientation des BSV a été engagé à partir de 2021 pour aboutir à une version dite « 2.0 ». « Elle a notamment pour objectif de devenir la référence objective et représentative à toute forme de conseil agricole », a souligné Nicolas Lenne de la DGAL (Direction générale de l’alimentation au ministère de l’Agriculture) en décembre dernier lors de la Conférence internationale sur les maladies des plantes.
Cette nouvelle version a pour but d’élargir le lectorat à des ONG, à la recherche et aux étudiants, notamment. Les observateurs, au nombre de 3500-4000 actuellement, doivent aussi être plus nombreux. Le ministère de l’Agriculture rappelle à ce titre que les agriculteurs doivent être « acteurs du réseau » en allant observer directement leurs parcelles. C’est pourquoi certains protocoles d’observations, parfois ardus, sont en cours de simplification, sans devenir pour autant simplistes. Dans le cadre de la réforme de la certification HVE (Haute valeur environnementale), les producteurs concernés pourront d’ailleurs devenir des observateurs réguliers.
Comme il pourrait y avoir à terme de nouvelles baisses budgétaires, il a aussi été décidé de prioriser les cultures à suivre. Pour cela, les plus « dépendantes » aux produits phytosanitaires, jugées prioritaires, ont été mises en évidence dans chaque région. En fonction des contextes, le suivi des autres cultures pourra soit être arrêté soit continuer via des cofinancements (Conseil régional, filière…).
Notes « biodiversité »
Mais cette nouvelle maquette du BSV 2.0, c’est avant tout plus de place pour l’agroécologie et la production intégrée des cultures. Via un logo « B », sont mis en avant les mesures prophylactiques, les méthodes alternatives de lutte et les produits de biocontrôle existants. L’idée étant au final de pouvoir moduler certains indices de risque et ainsi « réduire « la dépendance » aux produits phytosanitaires ».
Des notes « biodiversité » vont être par ailleurs régulièrement intégrées dans le bulletin de santé du végétal 2.0 dans l’idée de mettre en avant des pratiques agricoles favorables au maintien et à l’amélioration de la biodiversité. La première qui a été rédigée a ainsi concerné les lombrics. Elle comporte notamment des informations sur leur biologie, leur intérêt, les modes d’observation, les bonnes pratiques, etc. Le tout associé à un témoignage d’agriculteur. Les prochaines concerneront entre autres, les abeilles et la flore des bords de champ.
Enfin, le logo « R » permettra de signaler les éventuelles résistances de bioagresseurs à des substances actives. Les lecteurs du BSV 2.0 seront aussi davantage sensibilisés aux organismes de quarantaine (Xylella fastidiosa, Popillia japonica, Epitrix spp., Spodoptera frugiperda…).