L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a rendu public le 6 avril 2023 un rapport qui met en évidence une présence importante de différents métabolites de pesticides, dont le R471811, dans les ressources en eau destinée à la consommation humaine en France métropolitaine. Ce métabolite R471811 est issu de la dégradation dans l’environnement du chlorothalonil, un fongicide utilisé en agriculture et interdit en France depuis 2020.

« Il est considéré comme métabolite pertinent en 2021 à l’issue d’un travail d’expertise de l’Anses, ce qui signifie qu’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer (lui-même ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur », ont expliqué les ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique et de la Santé dans un communiqué commun du 7 avril 2023.

« À ce stade, la campagne exploratoire de l’Anses, qui portait sur les années 2020 et 2021, a mis en évidence des concentrations maximales de 2 µg/l. La valeur sanitaire transitoire permettant de prévenir d’un risque sanitaire étant de 3 µg/l, les eaux prélevées et analysées sont ainsi non conformes mais ne présentent pas de risque sanitaire », précisent ces derniers.

Mesures plus régulières dès 2023

Dans ce contexte, le ministère de la Santé « reste particulièrement vigilant sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. Il va mettre en place, sous la conduite des ARS (agences régionales de santé), des mesures plus régulières, à partir de 2023, du chlorothalonil et de ses métabolites, en lien avec la montée en compétences des laboratoires agréés pour le contrôle sanitaire des eaux pour rendre des résultats fiables. »

« Les résultats de ce rapport appellent à poursuivre le travail d’amélioration de la qualité de l’eau, en particulier de l’eau destinée à la consommation humaine. Cela impose d’intensifier les mesures de protection des zones de captage, de les adapter et les différencier en fonction des spécificités territoriales, comme annoncé par le président de la République dans le « plan eau » qu’il a présenté jeudi dernier », ont insisté les ministères.

Interdiction impérative pour la Confédération paysanne

Le rapport de l’Anses fait aussi état de la détection de métabolites de S-métolachore dans l’eau. Ainsi, alors que le ministre de l’Agriculture a annoncé à la fin de mars exiger de l’Anses le réexamen de l’interdiction de l’herbicide, la Confédération paysanne estime, dans un communiqué du 7 avril 2023, que l’interdiction d’utiliser les herbicides à base de S-métolachlore est impérative.

« L’urgence est à la transition agroécologique et au changement de modèle. L’argument de l’impasse technique est faux. D’autres molécules identifiées aujourd’hui comme moins toxiques existent. Surtout, des pratiques agronomiques (binages mécaniques, rotations, etc.) font déjà leur preuve dans de nombreuses fermes pour faire face à la présence des adventices. Soutenir économiquement et financièrement ces techniques agronomiques et accompagner la transition de tous les agriculteurs et agricultrices, voilà ce qui serait responsable », avise le syndicat.