C'est en zone pavillonnaire, à la sortie du village d'Aulnay-sur-Mauldre, que se situe l'exploitation de Xavier Broquet. En surplomb de la vallée de la Seine, on aperçoit, à proximité, de nombreuses habitations et villes dont Mantes-la-Jolie à une quinzaine de kilomètres. « D'ici, on voit bien aussi que mon parcellaire est très morcelé avec des types de terres très différents, souligne Xavier Broquet. J'ai 180 îlots Pac pour 440 ha, avec des parcelles très pentues, de faible potentiel, à proximité de maisons, donc difficiles à travailler après avoir retiré les ZNT (zones non traitées). Ces terres sont donc en jachères, soit 50 ha, dont 10 en MAEC en partenariat avec Suez et l'agence de l'eau Seine Normandie. »
En effet, l'agriculteur cultive 140 ha sur la zone prioritaire de l'aire d'alimentation de captages d'eau potable de Flins-Aubergenville. Sur les 10 ha en MAEC, il a semé des couverts mellifères pour nourrir les abeilles l'hiver car il accueille une cinquantaine de ruches de trois apiculteurs-riverains voisins. Sur cultures, depuis quatre ans, des reliquats d'azote sont réalisés en entrée et sortie d'hiver par Suez afin de connaître les éléments disponibles pour la plante et d'adapter les apports. Depuis les semis de l'automne dernier, le partenariat concerne également les herbicides (lire l'encadré).
« Le matériel repliable me coûte 30% plus cher »
« Avant tournesol, maïs et orge de printemps, j'expérimente plusieurs espèces de couverts qui captent l'azote pour trouver celles adaptées à mes terres, » précise l'agriculteur qui a semé cette année deux mélanges : phacélie/vesce/avoine et roquette/phacélie/vesce/radis. « Je fais l'impasse en potasse et ces couverts permettent de restituer l'azote et la potasse à la culture suivante », souligne-t-il.
Moins d'intrants
Etant proche des riverains, Xavier s'est posé la question de passer en bio mais plusieurs facteurs l'en ont dissuadé : terres argileuses difficiles à travailler l'hiver, problèmes de débouchés et la crainte que les odeurs lors des épandages de compost ne gênent ses voisins. L'agriculteur vise néanmoins à réduire ses intrants au maximum. « Je ne cherche pas le rendement à tout prix mais plutôt à limiter mes charges et donc les traitements et les apports d'engrais, explique-t-il. Je ne réalise qu'un fongicide sur céréales, aucun régulateur de croissance. Les maïs et tournesol n'ont pas d'insecticide.
Je sème le colza, en rangs espacés de 50 cm, au semoir monograine pour mieux positionner la graine, améliorer la levée et apporter phosphore et azote en localisé afin de doper le démarrage de la plante, la rendre plus robuste et moins sensible aux altises. Je bine le tournesol, le maïs et me pose la question de le faire en colza pour les graminées. En maïs, je désherbe sur le rang, ce qui m'a permis de réduire de 75% mes volumes d'herbicide. Je pense bientôt y recourir en tournesol et colza. »
L'agriculteur, passionné de machinisme, a adapté des buses de traitement sur une bineuse, avec une cuve à l'avant du tracteur. Il a aussi installé la pesée embarquée et la coupure de tronçons couplée au GPS sur son épandeur à disque pour réduire les doses d'engrais. Le pulvérisateur est également équipé de la coupure de tronçons couplée au GPS pour éviter les doublons, mais aussi de leds sur les rampes pour traiter parfois de nuit et moins gêner les riverains.
Matériels adaptés
Par ailleurs, tous les matériels de l'agriculteur sont adaptés à la circulation sur route et à la traversée de villages. « Le matériel fait au maximum 3,50 mètres de large pour pouvoir passer sur la route, tout est repliable ou télescopique, ce qui génère 30% de surcoût à l'achat », souligne Xavier qui évite également de se déplacer aux horaires d'entrées et sorties de bureaux. Impossible également de circuler sur les voies avec des roues jumelées pour limiter les tassements de sol. Il a donc installé un système de télé-gonflage pour ajuster la pression des pneus directement depuis la cabine du tracteur.
Enfin, en étant proche de la ville, Xavier déplore des dégâts de pigeons (ce qui l'empêche de cultiver du pois), de corbeaux (surtout sur maïs), de sangliers (qui se réfugient en zone périurbaine) sur les cultures d'hiver, mais aussi ceux provoqués par l'usage des motos et quads dans les parcelles. En revanche, l'agriculteur apprécie les échanges avec ses voisins et les promeneurs qui profitent parfois d'un tour en tracteur ou en moissonneuse.
Des outils prévus pour la route et les traversées de villages
