"Produire certains types de fruits et légumes au plus près des lieux de consommation et profiter de l’énergie fatale des bâtiments est une piste sérieuse", estime Xavier Laureau, gérant du réseau de fermes urbaines "Les jardins de Gally".
Dans ce réseau se trouve la ferme ouverte de Saint-Denis (FOSD) (93) et sa nouvelle serre en toiture de 360 m². Elle accueillait le 18 octobre 2022 deux tables rondes sur les serres agri-urbaines en toiture. L’occasion d’y présenter le programme européen Groof, dont elle fait partie : Greenhouses to reduce CO2 on roofs (serres sur les toitures pour réduire les émissions de CO2).
Une rentabilité difficile à estimer
Ce programme européen vise à "identifier les barrières à l’accès au marché", à accompagner les premiers porteurs de projets, et à "expérimenter la rentabilité des technologies utilisées et leur acceptation par les populations locales". Quatre serres pilotes, dont la FOSD, en font partie, les trois autres se situant en Belgique, en Allemagne et au Luxembourg.
Différents intervenants se sont succédé pour apporter leur témoignage. À la question de la rentabilité de ces serres de petite taille, ou plus largement des projets d’agriculture urbaine, la réponse n’est pas évidente : elle dépend de la vocation du projet (caractère social, éducatif ou non), de sa dimension (présence ou non d’ateliers hors serre), de sa construction (intégrée dans un bâtiment neuf ou déjà existant), du circuit de commercialisation choisi, ou encore des types de cultures, énumèrent-ils.
"Il faut un circuit de vente en local et circuit court pour rentabiliser", soulignait Florent Scattareggia, du projet belge. "La plupart des projets organisent également des visites du site qui peuvent complémenter les revenus", ajoutait un autre intervenant, du pilote luxembourgeois.
Trouver du personnel qualifié
La recherche de personnel qualifié dans la culture hors sol, voire en hydroponie, selon le type de substrat choisi, peut s’avérer complexe, comme ce fut le cas au Luxembourg. En Belgique, "ça a été [plutôt] difficile au niveau administratif. Comme c’était assez innovant, les autorités se renvoyaient la balle entre elles", raconte Florent Scattareggia.
Il y a un "chaos médiatique" autour de ce sujet qui empêche une analyse [objective] sur la rentabilité économique et sur les aménités sociales et environnementales qu'apportent ces projets. "Aujourd'hui tout cela n'est pas mesuré. Il n'y a pas de recul, et pas de robustesse sur les analyses des échecs et des réussites, depuis dix ans dans ce secteur", a déclaré Xavier Laureau, signalant par ailleurs l'absence de la "Ferme France" parmi les acteurs de ces projets.