À mi-campagne, on observe une certaine dualité entre le maïs et le blé. Pour le premier, la France et l’Allemagne, fortement impactées par la sécheresse, voient leur production régresser par rapport à la campagne précédente. En revanche, la Russie, l’Ukraine et les États-Unis ont bénéficié de conditions plus favorables d’où une progression de leur production. Du côté du blé, « le CIC estime que la surface mondiale en blé serait en hausse pour la première fois depuis 4 ans », relaie FranceAgriMer.
Une situation déficitaire en blé-orge-maïs
En termes de bilans mondiaux, force est de constater que le blé, l’orge et le maïs sont en situation déficitaire, du fait d’une production inférieure à la consommation, laquelle est boostée par le débouché aliment du bétail. D’ailleurs, les utilisations fourragères du blé (–2,4 %) et de l’orge (–2,7 %) sont à la baisse. Alors que le maïs augmente sur ce créneau (+4,1 %), tout comme en utilisation industrielle (+3,3 %), aidé par « une récolte mondiale record », souligne Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre chez FranceAgriMer.
Le Kazakhstan grignote des parts
L’Europe n’échappant pas à cette tendance, elle se retrouve « premier importateur de céréales au monde pour la deuxième année consécutive, poursuit Marc Zribi. Le Japon et le Mexique vivent une situation similaire. Quant au Vietnam, sa demande augmente en maïs pour l’alimentation animale, alors que l’Indonésie importe davantage de blé pour répondre à l’explosion démographique du pays et à l’évolution des habitudes de consommation ».
Les pays tiers demandeurs en blé se fournissent principalement auprès de la Russie, qui domine cette première moitié de campagne et ce, bien que ses exportations subissent un ralentissement (une question de qualité sanitaire). Il faut désormais aussi compter avec le Kazakhstan, à qui la Chine a ouvert ses portes (livraison par voie ferroviaire). L’Égypte a choisi de son côté de s’approvisionner auprès des États-Unis. Quant aux zones de conflit, la Turquie, le Kazakhstan (encore) et l’Argentine en sont les principaux pourvoyeurs.
Pour le maïs, à mi-campagne, la production de l’Ukraine – nouveau gros acteur sur cette culture – est supérieure à celle du Brésil. Ce qui en fait un des principaux exportateurs (+43,1 %) vers l’Espagne, les Pays-Bas, le Portugal et l’Italie. Les États-Unis s’en sortent bien – malgré les tensions avec la Chine, toutefois en voie d’apaisement – avec une augmentation de 17 % de leurs exportations par rapport à la campagne précédente.
La France s’en sort bien
Les embarquements cumulés vers les pays tiers depuis les ports français suivent une dynamique positive. En orges, on observe un doublement vers l’Arabie Saoudite et +73 % vers la Chine. En blé tendre, on atteint 4,5 Mt exportées au 10 décembre avec pour principaux débouchés, l’Algérie, l’Afrique subsaharienne, sans compter 2 bateaux en partance vers la Chine (encore !).
Focus blé dur
La production mondiale de blé dur pour 2018-19 est projetée en hausse de 1 Mt par rapport à la campagne précédente pour atteindre 38 Mt, avec des niveaux de récolte élevés tout particulièrement en Algérie (+57 %) et au Maroc (+10 %). Ces deux pays du Maghreb « arrivent presque à l’autosuffisance et risquent donc d’être moins présents sur le marché », alerte Annie Dubois, en charge du blé dur à la délégation nationale de Volx de FranceAgriMer. En conséquence, les importations de cette région du globe régressent.
L’Europe ne profite pas de cette embellie puisque sa production est en repli de 6 % (8,8 Mt estimées pour 2018-19) avec cependant des surplus prévus en France malgré une production en baisse de 10 % (dont la qualité est « médiocre » tout comme en Italie en raison de diminution du taux de protéines) et en Espagne. Il est à noter que l’Italie se détourne du Canada puisque des résidus de glyphosate ont été retrouvés dans les grains, au profit des États-Unis. Ces derniers, malgré des surfaces en baisse, ont vu leur production augmenter, grâce aux bons rendements (contrairement à l’année dernière en raison de la sécheresse).