Les ministres de l’Agriculture, de la Transition écologique, de l’Économie et de la Santé ont signé le 25 octobre 2018 cet arrêté publié ce vendredi 26 octobre 2018 au Journal officiel. Cette décision fait suite aux signalements récents relatifs à quatre cas d’intoxications respiratoires concernant des personnels et des riverains d’exploitations agricoles dans le Maine-et-Loire et le Finistère.

Réexamen en cours

« Cette suspension intervient dans l’attente du résultat du réexamen des conditions et modalités d’utilisation de ces produits, qui a été demandé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) le 10 juillet 2018 », détaille les quatre ministres dans leur communiqué de presse conjoint.

« Le métam-sodium fait partie des substances actives les plus préoccupantes pour la santé et l’environnement identifiées dans le plan d’actions national sur “les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides”, pour lesquelles le gouvernement a demandé une revue scientifique par l’Anses », ajoutent-ils.

Une décision « hâtive » pour la Coordination rurale

Dans un communiqué diffusé en milieu d’après-midi, la Coordination rurale « juge cette suspension nationale hâtive ». Le syndicat demande aussi une étude de l’impact économique et agronomique de cette décision « afin de mesurer les conséquences économiques engendrées […] ainsi qu’une liste exhaustive de solutions alternatives proposant la même efficacité ».

Pour la Coordination rurale, « il est évident que la santé des citoyens est une priorité. En sachant que les conditions d’utilisation du métam-sodium sont très strictes, le produit doit être “présumé innocent” tant que toutes les causes n’ont pas été établies. Est-ce que le produit a mal été utilisé ? Le délai de ré-entrée a-t-il bien été respecté ? Le lot de produit était-il défectueux ? Toutes ces questions doivent être élucidées afin que tous les utilisateurs soient informés et vigilants et que de tels incidents ne se reproduisent plus. »

Des préconisations « pas correctement respectées »

« Selon les premiers constats des services de l’État, les préconisations d’utilisation des produits phytopharmaceutiques n’auraient pas été correctement respectées dans les cas d’intoxications recensés, complètent les ministères dans leur communiqué. Les conditions climatiques ont également pu contribuer aux incidents. »

France Nature Environnement n’a pas tardé à réagir à cette suspension. « Au-delà de la question de l’utilisation de cette molécule, il est indispensable que la filière du maraîchage fasse évoluer ses pratiques de manière à ne plus être dépendante de ce type de substance chimique, estime Florence Denier-Pasquier, sa secrétaire nationale. L’interdiction du métam-sodium n’aurait pas de sens s’il devait être remplacé par d’autres molécules aussi dangereuses. »