« On a relevé dernièrement un très fort durcissement des contrôles qualité de l’agence sanitaire russe, en raison de plainte de pays acheteurs comme le Vietnam, l’Indonésie et l’Égypte », explique Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer. L’Algérie pourrait ouvrir son marché de blé tendre à la Russie si les tests sanitaires en cours sont concluants.

« Cela présente un risque potentiel pour les exportations françaises », estime Marc Zribi, avant de rappeler que la production française correspond bien au cahier des charges algérien. Il ajoute que la proximité géographique et la fidélité de la relation commerciale jouent également en faveur de la France. « Les Russes sont dans une démarche d’amélioration progressive, autant sur l’aspect de la qualité qu’en logistique », estime Rémi Haquin, président du conseil spécialisé des céréales. Ce point est donc davantage à considérer sur le long terme que pour la campagne en cours.

Pour l’heure, FranceAgriMer a réévalué à la hausse les volumes d’exportation de blé tendre français vers les pays tiers, notamment vers l’Algérie, à 8,8 Mt. C’est 300 000 t de plus que les estimations du mois dernier. Une reconquête des marchés en Afrique subsaharienne est également prise en compte, grâce à la bonne qualité de la récolte de 2018. Cet objectif ne se traduit pas encore en chiffres sur les embarquements, mais Marc Zribi estime qu’il est encore un peu tôt dans la campagne. FranceAgriMer se fonde, pour l’instant, sur le ressenti des opérateurs.

Le maïs compétitif en alimentation animale

Chez les fabricants d’alimentation animale, on note en France une diminution de l’utilisation de l’orge (–100 000 t à 1 Mt entre les estimations de septembre et d’octobre) et de blé tendre (–100 000 t à 5 Mt) au profit du maïs (+200 000 t à 3,2 Mt).

« La tendance est assez significative sur ces dernières semaines et se retrouve également au niveau européen et mondial », explique Marc Zribi. Cela s’explique par une meilleure compétitivité de cette céréale par rapport aux autres matières premières. Du soja est ajouté aux mélanges par les fabricants pour équilibrer la ration en protéines.

L’Ukraine pourrait avoir une présence assez agressive à l’exportation de maïs sur cette campagne : FranceAgriMer a réévalué à 23,5 Mt son potentiel d’exportation, contre 18 Mt en 2017-2018. D’autre part, le pays n’a exporté que 1,37 Mt au 1er octobre, soit 6 % de son potentiel.

En orge, des évolutions fortes des importations chinoises

La production mondiale d’orge est au plus bas depuis six ans. La concurrence à l’exportation est toujours très forte, avec des stocks de la fin de la campagne de 2018-2019 attendus à 21,3 Mt, en baisse de 18,3 % par rapport à celle de 2017-2018.

Alors que les exportations de l’Australie vers la Chine, premier importateur mondial, diminuent très fortement (–76 % entre 2017-2018 et 2018-2019), l’Ukraine monte en puissance, avec des exportations en hausse de 164 % en 2017-2018. La France reste par ailleurs un de ses principaux fournisseurs, avec des exportations qui devraient être multipliées par 2,5 entre 2017-2018 et 2018-2019, à 400 000 Mt.

H.P.