Comment les récoltes sont-elles assurées aux États-Unis ?

Notre système d’assurance garantit le chiffre d’affaires des agriculteurs depuis le milieu des années 1990. Basé sur des données individuelles, il permet de calculer des primes très spécifiques. Les contrats peuvent garantir les chiffres d’affaires ou les rendements, mais la plupart des exploitants choisissent la première option, pour une couverture allant de 50 à 85 %. Le prix garanti est en général le prix des marchés à terme à la date de signature du contrat.

Il y a une option très populaire, qui est l’option de prix récolte. Elle est utilisée surtout par ceux qui ont des contrats de vente à un opérateur. Grâce à cette option, l’assureur compense la différence de prix par rapport au début de campagne en cas de rendements trop bas qui empêcheraient l’agriculteur de remplir son engagement de livraison.

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Quelle proportion de la surface est assurée aux États-Unis ?

Environ 85 %. En maïs ou en soja, le chiffre monte jusqu’à 90 %. En légumes, seuls 30 à 40 % de la surface sont assurés, parce que le développement de contrats est plus difficile, et que les producteurs ne sont pas intéressés.

Comment expliquez-vous la popularité de l’assurance récolte ?

Grâce à une réforme du système en 2000, les assureurs ont été autorisés à développer leurs propres produits au-delà des règlements fédéraux. Les États-Unis sont un pays très grand, et il était donc essentiel d’avoir des contrats adaptés aux différentes cultures et aux différentes régions. Des chercheurs nous ont également soumis de nouveaux types de contrats.

C’est la liberté laissée à l’innovation qui a permis d’améliorer la couverture. L’État conserve tout de même les commandes au travers du FCIC (Société fédérale d’assurance récolte), en évaluant et en autorisant chaque contrat avant sa mise en vente.

Quelle est l’implication du gouvernement américain dans ces assurances ?

Les agriculteurs achètent leurs contrats directement auprès des assureurs, comme chez vous, mais c’est le gouvernement qui fixe les prix. Les assureurs, obligés de suivre un barème imposé, sont toutefois réuménés pour vendre les contrats.

La Société fédérale d’assurance récolte (FCIC) est le mécanisme fondateur de tout le système. Elle est constituée d’économistes, de représentants d’autres agences gouvernementales, d’agriculteurs, et aussi de quelques spécialistes de l’assurance. Ses membres évaluent et approuvent tous les produits assurantiels avant leur commercialisation.

L’agence gère par ailleurs les mouvements financiers entre les assureurs et les agriculteurs. Elle fixe enfin le remboursement du coût de l’assurance aux agriculteurs : en moyenne, les exploitants ne payent que la moitié du montant total de leurs primes.

Certains parlent d’assurer le revenu agricole. Qu’en est-il aux États-Unis ?

Assurer le chiffre d’affaires est très différent d’assurer le revenu. En semant au printemps, on ne pense pas au prix dans deux ans, mais au prix de la campagne en cours, et c’est le type de démarche que couvrent les assurances récolte.

Nous avons quelques programmes fédéraux qui assurent le lissage des bénéfices sur plusieurs années, en prenant notamment en compte la moyenne historique de la production. Des paiements sont déclenchés lorsque le revenu est plus bas que la moyenne, mais c’est un système différent. Pour l’instant, garantir un revenu n’entre pas dans le cadre réglementaire de notre système.

Propos recueillis par Ivan Logvenoff