« C’est l’an 1 de l’ère sans quota après un système qui a duré près de 50 ans et qui assurait une sécurité aux betteraviers en garantissant un prix minimum. Si cette nouvelle campagne marque la libéralisation des marchés, elle ouvre la possibilité d’exporter à nouveau sans limite à l’international. » C’est ainsi qu’Éric Lainé, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), a ouvert le point de presse organisé le 7 décembre à Paris à quelques jours de l’assemblée générale prévue le 12.
Surfaces en hausse de 20 %
La CGB « se prépare depuis longtemps » à l’après-quota pour que la « betterave sucrière reste une culture rémunératrice de l’exploitation ». Pour gagner en compétitivité, les usines doivent en premier lieu être davantage amorties en allongeant les campagnes d’arrachage. Pour ce faire, les surfaces emblavées en betteraves ont augmenté de 20 %, à 475 000 ha en 2017 contre 405 000 en 2016. Résultat : une production record de 44,2 millions de tonnes (Mt) de betteraves à 16°S attendue, contre 34,5 Mt en 2016. On atteint donc 93 tonnes de betteraves à 16°S par hectare, soit le troisième meilleur rendement de l’histoire.
Arrachage précoce, indemnité de compensation à relever
« La durée de campagne est ainsi passée de 100 jours l’an passé à 133 jours en moyenne cet hiver pour des fermetures d’usines prévues à la fin de janvier ou au début de février, explique Pierre Rayé, le tout nouveau directeur général de la CGB. Et un jour supplémentaire de fonctionnement des usines, c’est 1 € d’économie par tonne de sucre sur les coûts de production industriels. »
Mais les récoltes précoces engendrées par cet allongement de campagne génèrent des pertes de rendement d’environ 30 % pour les producteurs. « Les industriels et les planteurs doivent partager les gains mais aussi les contraintes, estime Pierre Rayé. L’indemnité de compensation versée à l’agriculteur doit donc être revue à la hausse. »
Marché à terme comme référence prix
Autre conséquence de l’après-quota : des exportations françaises de sucre hors Europe multipliées par 3 en 2017, à 1,1 Mt. « Mais en période de post-quotas alors que le marché mondial est très volatil, nous avons besoin de transparence sur les prix, insiste Timothé Masson, expert en économie à la CGB. L’état actuel des marchés donne une betterave à 22 €/t. Mais cette conversion ne reflète que le début de campagne sur le marché spot et ne présage pas des stratégies commerciales des entreprises. En février, la situation permettait une betterave à 26 €/t, contre une moyenne sur cinq ans à 28 €/t. »
Pour sécuriser le revenu de l’agriculteur, Pierre Rayé propose de diversifier les types de contrats : prix minimum, prix fixe, prix moyen. « Et pour fixer les prix, planteurs et industriels peuvent se baser sur le cours du marché à terme. Ce dernier devrait servir de référence », estime-t-il.