Présentant ce rapport paru le 10 octobre dernier, Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen, a rappelé que « l’impact des produits phytosanitaires sur l’environnement et la santé humaine préoccupe les citoyens dans l’Union européenne. La société souhaite passer à une production durable de l’alimentation, la réduction, et même l’interdiction de l’utilisation des pesticides. »
« Un moment opportun »
Ce rapport encourage le développement de méthodes alternatives en matière de gestion des ravageurs. « L’objectif étant de réduire la dépendance aux produits phytosanitaires, poursuit-il. C’est le moment opportun pour en parler, alors que la Commission étudie la modernisation de la Pac et de notre modèle de production alimentaire. »
Puis le commissaire européen en est venu au sujet chaud du moment : le glyphosate. « J’aimerais conclure sur une raison encore plus urgente qui illustre pourquoi ces sujets méritent une attention encore plus accrue. Vous êtes conscient de la situation concernant le renouvellement de l’homologation du glyphosate. »
De 10 à 5 ans
Vytenis Andriukaitis dit avoir « pris note de l’adoption par le Parlement de la motion demandant une interdiction d’ici à cinq ans. Bon nombre des préoccupations sur le glyphosate découlent de la frustration qui prévaut dans la société civile quant au manque de progrès pour adopter des pratiques de protection phytosanitaire durable ayant un faible impact sur l’environnement. »
Éric Andrieu, eurodéputé français, reconnaît que la Commission a accepté de passer d’une réhomologation de 10 ans à 5 ans. Mais il lui demande « encore un petit effort puisque nous avons voté 5 ans pour sortir du glyphosate parce que c’est une molécule, et nous le disons nous, qui doit nous permettre de modifier le modèle agricole en accompagnant la profession. »
Ne pas « créer de la peur »
D’autres eurodéputés se montrent plus agressifs. Alors que certains soulignent que « le glyphosate doit être éliminé, citant des inquiétudes sur sa cancérogénicité potentielle, d’autres rejettent ce qu’ils appellent l’alarmisme et insistent sur le fait que la décision de l’Union européenne doit être scientifique et par souci de sécurité alimentaire », détaille le Parlement dans un communiqué.
Le commissaire Andriukaitis suggère d’examiner les arguments scientifiques et d’appliquer une « approche fondée sur le bon sens » plutôt que de « créer de la peur ». Il n’y a aucune preuve scientifique que le glyphosate est cancérigène, a-t-il dit, et a rejeté ce qu’il a appelé les « théories du complot » sur les efforts des multinationales pour influencer les décisions de l’Union européenne.