Plusieurs critères influencent la réussite de l’installation d’une prairie. Tout d’abord, l’adaptation des espèces au contexte pédoclimatique est un gage de productivité. Dactyle, brome pour les graminées, luzerne et lotier pour les légumineuses sont adaptés aux sols séchants quand il est recommandé d’opter pour la fétuque des prés, la fléole et le trèfle hybride en terrain humide. Les ray-grass ainsi que les trèfles blanc et violet conviennent à une majorité de situations intermédiaires. Le choix de la période de semis, printemps ou fin d’été, compte également, sachant qu’idéalement, le semis devrait être suivi d’une météo douce et humide favorable à l’émergence et au développement rapide des plantules.
Viser 500 plantes/m²
« Priorité doit être donnée à la fin de l’été, soit de mi-août à fin septembre, pour toutes les terres difficiles d’accès en sortie d’hiver, en raison de la lenteur de leur ressuyage ou de leur manque de portance », recommande Rémi Brochier, ingénieur fourrages Arvalis à Jeu-les-Bois (Indre). Par ailleurs, une prairie levée à l’automne protège le sol de l’érosion hivernale en cas de fortes pluies et, surtout, produit un fourrage dès le printemps suivant. Le risque le plus important à cette période tient au gel précoce des jeunes plantes et aux automnes secs depuis quelques années.
Pour assurer un démarrage rapide et une croissance régulière de la prairie, le labour n’est pas forcément nécessaire. En revanche, celui-ci conserve tout son intérêt quand il s’agit d’enfouir des amendements organiques, des résidus de surface trop importants, ou pour nettoyer une parcelle sale. Il favorise aussi l’enracinement à condition de ne pas créer de semelle en fond de raie ou de zones creuses.
« Dans les terrains superficiels et ou caillouteux, il est tout à fait possible de remplacer le labour par plusieurs déchaumages successifs », poursuit Rémi Brochier. En cas de pluie, cela permet de faire lever les adventices qui sont détruites avant le semis. La portance s’en trouve aussi améliorée.
« L’objectif de densité est proche de 500 plantes levées/m² hors ray-grass d’Italie et brome. Ce qui conduit à majorer la dose de 100 % pour les espèces à très petites graines, compte tenu de leurs faibles réserves qui conduisent à des taux de pertes élevés », avertit l’ingénieur d’Arvalis. L’épandage d’un antilimaces est une précaution supplémentaire en cas d’infestation repérée via des pièges.