Vous considérez la démission de ces élus comme une simple « histoire d’élection perdue », alors que les démissionnaires parlent de « malaise profond depuis plus d’un an », de « manque de transparence » et de « débats confisqués ». Ne minimisez-vous pas leur décision ?

François Leroux : Non, il s’agit bien d’une histoire d’élection perdue, celle de Gérard Clay. Notre fonctionnement est complètement démocratique, avec un homme/une voix et des élections à bulletin secret. Il s’est présenté à la présidence et à la vice-présidence du Conseil de Surveillance et n’a tout simplement pas été élu.

Quant au manque de débats, c’est faux. Nous n’avons jamais autant débattu au sein de la coopérative que depuis un an. Nous avons conduit une centaine de réunions de gouvernance, une douzaine de l’ensemble des conseillers de région et depuis mars, deux séminaires du Conseil pour débattre en profondeur de la stratégie de la coopérative.

Même s’il s’agit d’élections démocratiques sur le plan juridique des termes, n’avez-vous pas l’impression d’être coupé aujourd’hui d’une partie de votre territoire ?

Absolument pas. Je regrette profondément la démission de ces élus au sein de cinq sucreries, mais les adhérents des régions concernées continuent à être représentés. Je suis le représentant des 12 000 agriculteurs qui constituent Tereos, tout comme les autres membres du Conseil de Surveillance. Au sein de ce Conseil, toutes les régions et toutes les cultures, betteraves, pommes de terre et luzerne, sont représentées. Trois membres du Conseil de Surveillance des régions concernées n’ont d’ailleurs pas démissionné.

Comment passer à autre chose maintenant ?

Si j’ai choisi de m’exprimer aujourd’hui c’est parce que Tereos est victime depuis plusieurs semaines d’une campagne de dénigrement qui porte préjudice aux coopérateurs, à l’entreprise, auprès de ses partenaires et de ses clients. Pour que cela cesse, le Conseil de Surveillance qui s’est réuni à trois reprises depuis début juillet, a pris la décision de lancer une procédure qui pourrait aboutir à l’exclusion de trois coopérateurs.

En ce qui concerne les conseillers de région, nous allons procéder à des élections selon le calendrier prévu dans les statuts, à savoir en juin 2019. D’ici là, dans un courrier que j’ai adressé à l’ensemble des adhérents, j’ai invité ceux qui dans les régions concernées par les démissions, souhaitent s’impliquer dans la vie de la coopérative, à se manifester pour travailler avec nous au sein des commissions par exemple. Plusieurs l’ont déjà fait.

Sur la gestion de l’entreprise, les démissionnaires estiment que la coopérative perd de la rentabilité par rapport aux groupes concurrents…

On voudrait nous faire croire que Tereos va mal. Eh bien non, Tereos va bien. Son chiffre d’affaires n’a jamais été aussi élevé : 5 milliards d’euros. Son résultat opérationnel (Ebitda) est resté à un niveau élevé, 600 millions d’euros (M€), en hausse de 30 % par rapport à il y a deux ans. Si nous avons terminé l’exercice avec un résultat net négatif de 18 millions d’euros, c’est parce que nous avons redistribué 42 millions aux agriculteurs.

Le résultat net avant redistribution était de 24 millions d’euros. Notre dette s’élève à 2,3 milliards d'euros, mais elle n’a évolué que de 200 millions depuis dix ans, alors que nos actifs se sont renforcés de 2 milliards pendant le même temps. Pour continuer à gagner en compétitivité, un plan Ambition 2022 est en cours de préparation, et nous lançons un plan de performance agronomique pluriannuel.

Propos recueillis par Blandine Cailliez