« 2018 est un petit cru en volume », a déclaré Philippe Pinta, président de l’AGPB, à l’occasion du point de presse sur les moissons de 2018. Ce sont en effet 35 Mt qui ont été récoltées, contre 36,6 Mt en 2017. Le climat a été chaotique, avec trois événements majeurs qui ont perturbé le cycle de végétation en tendance nationale : un excès d’eau exceptionnel au printemps, des épisodes orageux autour de la floraison, et une température moyenne supérieure à la normale, avançant la date de début des moissons de 1 à 3 semaines.
En moyenne nationale, les rendements se situent autour de 70-73 q/ha, sauf dans le Sud, zone qui a été très pénalisée. « La situation est hétérogène en fonction de lanature des sols », note François Jacques, secrétaire général d’Arvalis. Les sols superficiels, habituellement sensibles à la sécheresse, ont été moins pénalisés par les excès d’eau. Sur ces terres, les rendements sont supérieurs à la moyenne, contrairement aux terres profondes.
La qualité est cependant de mise : « Le critère protéine est au vert pour la troisième année consécutive, l’azote a été bien valorisé par les cultures », déclare Christine Bar L’Helgouac’h, cheffe du service des qualités et de la valorisation d’Arvalis. Le taux protéique est en effet bon à très bon, au-dessus de 11,5 %. Les PS sont bons dans l’ensemble (>77 kg/hl).
En 2018, avec un stock disponible important et une bonne qualité,les céréales françaises « devraient permettre à la filière de répondre aux besoins de l’ensemble de ses clients et de poursuivre la reconquête de ses marchés traditionnels, perdus en 2016 », considère Philippe Pinta.
Blé dur : situation comparable à 2016 dans le Sud
En moyenne en blé dur, les volumes sont 15 à 20 % inférieurs à la récolte de 2017. Faire une moyenne nationale n’a cependant pas vraiment de sens. En effet, les résultats sont très contrastés en fonction des bassins de production. Si les rendements sont élevés dans le centre (>70 q/ha), avec un taux protéique (>14,5%) et un PS (>79 kg/gl) très bons, le constat n’est pas le même dans le Sud. Dans cette zone, « la situation est comparable à 2016 », s’inquiète Philippe Pinta. Les cultures ont en effet beaucoup souffert, les rendements ne dépassant pas les 40 q/ha, avec des PS faibles.
Orges : dans la moyenne quinquennale
Entre 9 et 10 Mt ont été récoltés en orge d’hiver. Les rendements suivent un gradient s’améliorant d’ouest en est, avec une moyenne nationale de 67 q/ha, dans la moyenne quinquennale. Des dégâts de grêle et d’orage ont cependant pénalisé les cultures localement. Du point de vue qualité, les taux protéiques sont homogènes, dans la fourchette brassicole (entre 10 % et 11 %) ; le calibrage est moyen dans le Centre, bon à très bon dans le reste des régions.
Les récoltes d’orge de printemps sont en cours, mais les rendements devraient être bons à très bons, avec des taux protéiques correspondant également aux exigences brassicoles (entre 9,5 % et 10,8 %).
Des prix au Matif au dessus de 200€/t
Un point positif inattendu : la remontée des prix au Matif au-dessus de la barre des 200 €/t depuis une dizaine de jours. « Cela fait partie des espoirs, mais toute la question est de savoir si cela sera durable ou non », souligne Philippe Pinta. Il se réfère à 2015, année pour laquelle le schéma avait été similaire, mais les prix avaient rapidement chuté en quelques semaines.
Évolutions réglementaires
L’AGPB a profité de l’occasion pour déplorer des évolutions réglementaires qui affectent la compétitivité des céréaliers : suppression des RRR (rabais, ristournes, remises) sur les produits phytosanitaires, séparation du conseil et de la vente, augmentation de la redevance pour pollution diffuse, interdiction des néonicotinoïdes, « sans oublier les perspectives de baisse du budget de la Pac, autour de 12 %, et sa renationalisation qui pourrait créer des distorsions de concurrence », ajoute Philippe Pinta. Il déplore également le refus du gouvernement de mettre en œuvre les mesures du règlement omnibus, notamment l’abaissement du seuil de déclenchement de l’assurance climatique de 30 % à 20 %.