En manque de visibilité, la filière de l’amidonnerie s’est lancée depuis 2016 dans une campagne de communication auprès du grand public. L’Usipa (Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés) dresse ainsi le constat que, si les Français connaissent plutôt bien les industries meunières ou sucrières, ils n’ont que peu de visibilité sur l’industrie amidonnière.
Plusieurs raisons expliquent cette méconnaissance :
- La concentration des usines (quatre industriels répartis sur le nord et l’est de la France : Roquette, Cargill, Tereos et Chamtor),
- La multiplicité des matières premières (blé, maïs, pommes de terre, pois),
- Le foisonnement des produits et des débouchés (boulangerie, plats préparés, boissons, mais aussi papier, médicaments, textile…).
700 000 hectares de grandes cultures
Pourtant, rappelle Thomas Gauthier, délégué général de l’Usipa, lors d’une conférence de presse ce 21 septembre 2017, « l’industrie des produits amylacés valorise chaque année 6 millions de tonnes de matières premières quasi exclusivement françaises, sur près de 700 000 hectares ». Cela correspond à 2,7 millions de tonnes (Mt) de blé tendre, 2,2 Mt de maïs et 1 Mt de pommes de terre et pois, pour une production d’amidon de 3,2 Mt.
La récolte de blé en 2017 répond bien aux attentes de la filière en termes de qualité et de quantité. En 2016, la moisson catastrophique avait poussé les industriels à adapter leurs process en raison des faibles taux de PS et de l’hétérogénéité des teneurs en protéines. « Les usines ont tourné au ralenti, rapporte Thomas Gauthier. Pour une même quantité de blé, on a obtenu moins de produits finis. Mais on a continué à acheter du blé français, pour soutenir la filière. »
Rester compétitif à l’exportation
Premier producteur européen d’amidon (mais quatrième producteur mondial, loin derrière les États-Unis, la Chine et le Brésil), la France exporte les trois quarts de sa production. Maintenir le niveau des exportations en dépit des récents accords de libre-échange est un enjeu pour la filière, qui craint les inégalités réglementaires.
L’optimisation de la consommation d’énergie est un gros enjeu pour cette filière : à elle seule, elle totalise 25 % de la consommation de gaz et 10 % de la consommation d’électricité des industries agroalimentaires. « Un gros travail est réalisé à ce niveau : depuis 13 ans, les émissions de dioxyde de carbone ont été réduites de 20 % », déclare Thomas Gauthier, précisant que des investissements massifs sont réalisés dans la cogénération, la géothermie profonde ou encore les chaudières à biomasse.
« Pesons-nous assez dans les débats ? »
« C’est aussi un secteur qui investit beaucoup dans la recherche et le développement, à hauteur de 2 à 3 % du chiffre d’affaires, contre 0,7 % en moyenne dans l’industrie agroalimentaire », ajoute-t-il. Le secteur de la protéine est notamment considéré comme très porteur dans les années à venir.
L’Usipa, aux côtés des autres professionnels de la première transformation agricole, compte bien faire entendre sa voix lors des États-généraux de l’alimentation. « Pesons-nous assez dans les débats aujourd’hui ? », demande Thomas Gauthier lors de l’assemblée générale de l’Usipa, avant d’ajouter : « C’est bien sûr une question rhétorique, la réponse est non. »