Alors que la réhomologation, ou non, du glyphosate est sur toutes les lèvres, Générations Futures révèle ce jeudi 14 septembre 2017 les résultats d’une recherche sur la molécule dans des aliments vendus en France. Elle estime que cet herbicide est rarement recherché dans les aliments alors qu’en France il représenterait le huitième du tonnage des matières actives vendues (avec 8 656 t en 2013).

En dessous des LMR

Sur 18 échantillons à base de céréales et 12 de légumineuses sèches, il apparaît que 16 contenaient du glyphosate mais largement en dessous des LMR (limites maximales de résidus). Peu importe, François Veillerette, directeur et porte-parole de l’association, estime que « les LMR ne sont pas basées sur le principe de précaution. Pour moi, elles sont trop élevées et ne sont pas protectrices. »

Générations Futures considère donc que ces résultats militent en faveur de la non-réhomologation de la substance active au niveau européen. Elle balaie de plus tous les arguments des pro-glyphosate car, de son point de vue, il ne s’agit pas seulement d’une question « agricolo-agricole » mais bien d’une question sanitaire et environnementale.

Au sujet des alternatives existantes pour les agriculteurs, Générations Futures estime qu’il y avait largement assez de temps pour anticiper la sortie du glyphosate plutôt que de le soutenir. Si l’association confie malgré tout que ce ne sera pas simple, elle rappelle que certains font déjà sans.

Une approche « populiste et dogmatique »

Dans un communiqué diffusé le 13 septembre 2017, la Fop (Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux) hésite entre exaspération et colère. Elle dénonce « une approche populiste et dogmatique qui met en péril des entreprises fragilisées ». Ses administrateurs sont unanimes pour condamner avec la plus grande fermeté la volonté des pouvoirs publics de remettre en cause l’utilisation du glyphosate.

La Fop explique que le non-renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate, facteur pour le moment indispensable à la production, serait une véritable provocation. « Cela démontrerait que les pouvoirs publics ne considèrent plus l’agriculture comme une activité économique essentielle pour notre pays et qu’ils ne sont plus prêts à la promouvoir », estime la fédération.

Elle rappelle aussi qu’une telle décision ne reposerait sur aucun fondement technique ou scientifique avéré puisqu’aucune solution alternative n’existe à ce jour.

Incompréhension totale

Quant aux administrateurs de l’AGPB (l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales), ils ont unanimement fait part, dans un communiqué du 14 septembre 2017, de leur incompréhension totale concernant la décision du gouvernement de s’opposer au renouvellement de l’autorisation du glyphosate. « Cette décision est annoncée sans aucune concertation, sans fondement scientifique », considère l’AGPB.

« Dans ce contexte, il paraît légitime de se demander comment le gouvernement compte conduire sereinement des États-généraux de l’alimentation dont l’ambition est de redonner des perspectives aux agriculteurs et de renforcer la confiance entre les producteurs et les consommateurs », confie le syndicat.

Opposition constructive

De son côté, la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) souhaite dans un communiqué du 18 septembre 2017, être dans une opposition constructive. Elle souligne qu’« à ce jour, les agences d’évaluation française (Anses) et européennes (Efsa et Echa) recommandent de ne pas classer le glyphosate comme substance cancérigène, mutagène ou reprotoxique avérée » 0

Elle en appelle donc les pouvoirs publics au bon sens, afin que ces derniers permettent aux agriculteurs de poursuivre sereinement leur activité et en définissant un calendrier partagé pour la recherche d’alternatives. « Il est également important de rappeler que le surcoût du retrait d’un tel produit ne viendrait qu’entacher la compétitivité, facteur clé pour la période post quota », complète le syndicat.

Éric Lainé, Président de la CGB appuie « le retrait soudain du glyphosate et l’absence d’alternative pourrait entraîner une perte économique de près d’un milliard d’euros par an pour l’agriculture française ».

Ces débats interviennent alors que l’Efsa vient de publier ses conclusions au sujet des possibles propriétés perturbatrices du système hormonal du glyphosate. Dans l’état actuel de ses connaissances, elle conclut qu’il ne s’agit pas d’un perturbateur endocrinien.

C.F.