Depuis 2013, un moratoire de l’Union européenne impose des restrictions à l’usage de trois néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame) jugés nocifs pour les abeilles. La France a complété ce moratoire en 2018 par une interdiction totale sur toutes les cultures extérieures de l’usage de ces molécules.

« Un risque pour les abeilles butineuses », selon l’Inra

« Des chercheurs du CNRS, de l’Inra et de l’Institut de l’abeille viennent de montrer que des résidus de ces insecticides, notamment l’imidaclopride, restent détectables dans le nectar de colza de 48 % des parcelles étudiées, avec d’importantes variations selon les années, indique l’Inra dans un communiqué publié le 27 novembre 2019. Des néonicotinoïdes sont fréquemment détectés dans les fleurs sauvages, ce qui suggère une diffusion dans l’environnement consécutive à leur utilisation agricole. »

Les résidus de néonicotinoïdes ont été quantifiés dans le nectar de 291 parcelles de colza d’hiver, de 2014 à 2018. « Les trois néonicotinoïdes concernés ont pu être détectés dans les échantillons prélevés, concluent les chercheurs. L’imidaclopride, en particulier, a été détecté chaque année, au total dans 43 % des échantillons analysés, avec une forte variation interannuelle. »

Autre observation : les niveaux de résidus ne semblent pas directement liés à la proximité spatiale ou temporelle de cultures potentiellement traitées. Si la majorité des échantillons présentent des taux d’imidaclopride entre 0,1 et 1 ng/ml, les concentrations maximales dépassent parfois celles rapportées dans les parcelles traitées, allant jusqu’à 70 ng/ml.

Les bienfaits d’un néonicotinoïde, d’après une étude américaine

Par ailleurs, une étude américaine, publiée par ACS publiée dans Environmental Science & Technology, présente les bénéfices d’un autre néonicotinoïde, le thiaclopride, qui contrôle efficacement les parasites et peut même aider les abeilles. L’ACS (American Chemical Society) est piloté par le congrès américain, ses membres se composent de chimistes et professionnels de l’industrie. Les chercheurs ont montré que l’application de ce néonicotinoïde sur le trèfle rouge n’avait aucun effet négatif observable sur les bourdons.

« Le traitement au thiaclopride a permis de lutter efficacement contre les parasites et d’augmenter le nombre de visites de bourdons, affirme l’ACS. Cependant, si ce néonicotinoïde n’était pas disponible, les agriculteurs pourraient remplacer le trèfle rouge par d’autres cultures non florifères moins sensibles aux infestations d’organismes nuisibles. »

L’équipe a également examiné les performances des abeilles dans des paysages dépourvus de trèfle rouge. Ils ont découvert que les colonies de bourdons situées près des champs de trèfle rouge traités au thiaclopride étaient devenues plus importantes, avec davantage de larves, d’abeilles et de réserves de nourriture, comparées aux colonies situées dans des paysages sans trèfle rouge.

Ces chercheurs estiment que certains insecticides à base de néonicotinoïdes encore autorisés dans l’Union européenne pourraient s’avérer bénéfiques pour les abeilles en présentant un faible risque, tout en protégeant les cultures en fleurs en tant que source de nourriture. Les chercheurs ont également déclaré que les insecticides à base de néonicotinoïdes ne devraient pas être considérés comme un groupe homogène lors de l’évaluation des risques.

J. Papin