En 2013, le Muséum d’histoire naturelle lançait un appel à témoins sur les plathelminthes terrestres, ces vers plats, quasi inconnus de la faune française, prédateurs, entre autres, des vers de terre. Après cinq ans et plus de 700 contributions de citoyens ayant envoyé des photographies ou des spécimens, l’équipe de chercheurs dirigée par Jean-Lou Justine a pu dresser un portrait et une cartographie plus précise de ces envahisseurs.
40 centimètres de longueur
Ils montrent ainsi, dans un article publié le 22 mai, que parmi ces plathelminthes existe un groupe d’espèces géantes, ayant la tête « en marteau », et pouvant atteindre 40 centimètres de longueur. Capables de tuer et manger des proies beaucoup plus grandes qu’eux, ils sont une menace pour la biodiversité des sols et leur équilibre écologique.
Des spécimens ont été retrouvés non seulement en France métropolitaine, mais aussi dans les territoires français d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Guyane française, Réunion, Mayotte, Polynésie) ainsi qu’en Suisse, à Monaco et au Portugal.
En France métropolitaine, la plupart de ces vers géants ont été trouvés dans le Sud, et près de la moitié des signalements proviennent d’un seul département : les Pyrénées-Atlantiques, surtout dans la partie côtière entre Bayonne et la frontière espagnole.
Pallier le manque d’information
Les chercheurs estiment que l’invasion a démarré il y a plus de vingt ans, et s’étonnent du manque de travaux scientifiques antérieurs sur le sujet. « Il semble paradoxal que l’invasion d’un pays développé, en Europe, par des animaux aussi spectaculaires et bien visibles, et potentiellement dangereux pour la biodiversité, n’ait attiré l’attention d’aucun scientifique ni d’aucune institution, font-ils savoir. Cela montre bien la méconnaissance de tous les acteurs dans ce domaine ; il va falloir pallier ce manque d’information sur les plathelminthes terrestres qui seront de plus en plus souvent rencontrés en Europe par les citoyens et les professionnels de l’agriculture, de l’aménagement paysager, des sciences vétérinaires et de la médecine. »