L’orge et le maïs ont de nouveau cédé du terrain cette semaine alors que le blé se maintenait presque inchangé sur le marché français.
Le blé pris en étau
Pas de grande évolution des prix sur le marché du blé français cette semaine, les influences haussières contrecarrant les influences baissières. D’un côté, les prix sont restés soutenus par la situation aux USA où les plaines de blé d’hiver US manquent toujours de précipitations. Les blés US de bonne qualité meunière (HRW) ont ainsi gagné 7 $/t à 232 $/t Fob et les blés US de qualité plus moyenne (SRW) 6 $/t à 215 $/t.
Le premier achat de l’Algérie (420 000 tonnes) pour livraison sur le début de la prochaine campagne a contribué aussi au soutien alors que la Jordanie et le Bangladesh cherchaient également du blé cette semaine (100 000 et 50 000 tonnes respectivement).
Enfin, l’euro s’est légèrement affaissé ces derniers jours et cela a poussé légèrement les prix français vers le haut. En effet, ce jeudi, la BCE a maintenu sa politique monétaire, (stabilité des taux et programme d’achats d’actifs inchangé). Dans un premier temps, cette annonce a fait remonter légèrement l’euro avant une réorientation à la baisse par la suite étant donné les incertitudes sur le calendrier de sortie de ce programme d’achats et de la future remontée des taux directeurs.
A l’inverse, c’est plutôt une influence à la baisse qui a soufflé du côté de la mer Noire, les prix russes et ukrainiens commençant à montrer des signes d’essoufflement avec des valeurs de l’ancienne campagne tirées vers le bas par les prix de la nouvelle récolte, inférieurs de 15 $/t (écart des prix entre les échéances de mai et d’août).
Entre ces deux tendances, les prix du blé français n’ont donc guère évolué, à près de 158 €/t à Rouen. Contrairement à la situation de la mer Noire, les prix français pour la nouvelle récolte sont très proches de ceux de l’ancienne, si bien que les blés français (et les autres blés ouest-européens) apparaissent peu compétitifs sur le début de la campagne par rapport à l’alternative mer Noire.
Baisse en orge tirée par la mer Noire
Les prix des orges fourragères sont restés orientés à la baisse cette semaine à Rouen (–0,80 €/t, à 161,75 €/t) et n’ont pas bougé en Fob Moselle (155 €/t). Comme pour le blé, la chute de l’euro a empêché une baisse marquée des valeurs de l’orge sur le marché intérieur mais la tendance générale était bien baissière cette semaine, avec un retrait de 5 $/t des orges ukrainiennes et russes surtout, dont les quantités encore disponibles sont non négligeables.
Suite à l’imposition par la Chine d’une taxe anti-dumping sur le sorgho américain, plusieurs bateaux, initialement destinés à la Chine, ont été détournés cette semaine de leur itinéraire de départ et redirigés vers des destinations alternatives dont l’Arabie saoudite. Cette situation pourrait donc conduire à une compétition forte exercée par le sorgho US (qui doit trouver de nouveaux débouchés) aux dépens de l’orge. Mais la consommation d’orge de la Chine pourrait aussi s’en trouver confortée.
C’est d’ailleurs ce qu’ont montré les chiffres élevés d’importation d’orge en Chine en février et mars.
Sur le créneau brassicole, la chute des prix s’est encore renforcée avec le bon développement des cultures : les orges de printemps ont abandonné 3,5 €/t à 190 €/t Fob Creil et les orges d’hiver 1 €/t à 166 €/t sur la même place.
Contexte baissier en maïs
Les prix du maïs français ont eux aussi poursuivi leur chute cette semaine (–2,5 €/t, à 151,25 €/t sur la façade atlantique), sous la pression toujours marquée des importations de maïs en provenance des pays tiers dans les autres États membres de l’UE (ce qui continue de limiter la demande adressée aux maïs français).
Plusieurs craintes se sont exprimées cette semaine sur le marché mondial comme le risque de sécheresse au Brésil qui pourrait amputer le rendement de la seconde récolte ou le retard des semis aux USA.
Toutefois, malgré ces alertes, les prix ont de nouveau chuté à la fin de la semaine aux USA avec le retour annoncé d’un temps plus propice aux semis dans le Midwest (plus sec et chaud). Même en Ukraine, les prix ont fini par lâcher du lest, comme pour le blé et l’orge, dans un contexte mondial qui reste encore bien lourd pour le maïs.
Recul du prix du soja à Chicago
Le prix du soja à Chicago perd 3 $/t sur la semaine, principalement en raison du conflit commercial sino-américain favorisant depuis trois semaines les achats par la Chine de soja brésilien au détriment de l’origine US. Les achats chinois de soja américain sont d’ailleurs au point mort depuis début avril.
La mise en place par la Chine d’une taxe sur le sorgho américain qui a conduit la semaine dernière au déroutage de 20 cargos transportant plus de 1,2 Mt de sorgho américain lui étant initialement destinés renforce certainement la méfiance des opérateurs. D’autre part, la rumeur de possibles annulations des commandes chinoises en soja américain contribue à maintenir le soja sous pression à Chicago.
Dans ce contexte, les ventes inhabituelles de soja américain vers l’Argentine peinent à soutenir le prix du soja US. Pour rappel, certains analystes attendent une baisse du prix du soja à Chicago de l’ordre de 10 % en cas de mise en place par la Chine d’une taxe de 25 % sur le soja américain. Les officiels chinois se disent toutefois être prêts à discuter avec les États-Unis, alors qu’une délégation américaine devrait se rendre en Chine la semaine prochaine pour approfondir les négociations.
En Amérique du Sud, la récolte effectuée pour plus de moitié en Argentine confirme des rendements particulièrement faibles alors qu’elle touche à sa fin au Brésil, où les retours laissent toujours envisager une production historiquement haute. En contrepartie de la morosité des exportations des USA, la demande chinoise en soja brésilien explose. Les exportations brésiliennes de soja sont attendues à un niveau record pour avril. On notera que cette forte demande a entraîné une diminution de la compétitivité du soja brésilien par rapport au soja américain, alors que l’origine brésilienne est habituellement très compétitive par rapport à l’origine US en cette période de récolte sud-américaine.
Le colza en nouvelle campagne soutenu par les incertitudes de récolte
Les cotations du colza pour le contrat de mai 2018 souffrent du recul du prix de l’huile de palme sur la semaine et de l’anticipation de l’annonce de surfaces élevées au Canada en fin de semaine, toujours dans un contexte globalement baissier dans l’UE en raison de stocks de fin de campagne attendus élevés. Elles enregistrent des baisses de 9 €/t sur Euronext et de 8 $/t au Canada (ICE).
L’arrivée à échéance du contrat mai 2018 renforce probablement les baisses observées pour ces cotations. La diminution observée sur le marché physique est plus mesurée, avec des reculs de 4 €/t rendu Rouen et 3 €/t Fob Moselle depuis le 19 avril. La cotation du colza en nouvelle campagne évolue peu sur la semaine dans l’UE (+1 €/t), tout comme au Canada (-2 Can$/t) en raison des incertitudes concernant la production à venir.
Hausse du tourteau de soja
Cette semaine, le prix du tourteau de soja est soutenu par l’annonce d’un recul de la trituration en Argentine en mars 2018 par rapport à mars 2017, ainsi que par les mouvements sociaux qui devraient continuer de limiter la production de tourteau du pays au cours du mois d’avril. Toujours en Argentine, la mise hors-service pour une durée probable d’un an d’une partie d’un terminal portuaire responsable de près de 20 % des exportations de tourteaux de soja du pays est venue apporter un soutien supplémentaire au prix, notamment à l’exportation, en fin de semaine. En conséquence, le tourteau de soja départ Montoir gagne 16 €/t depuis le 19 avril, alors que la hausse enregistrée à Chicago est de 8 $/t.
À SUIVRE : semis de maïs et de soja aux USA, avancée de la récolte en Argentine, consommation d’orge de la Chine, état des cultures en Europe et mer Noire, logistique en France, relations commerciales entre les USA et le reste du monde.