Depuis 2011, le projet Rotaleg, piloté par la chambre d’agriculture Pays de la Loire, évalue le potentiel des légumineuses à répondre aux enjeux de maintien de la fertilité azotée des sols des systèmes de grandes cultures biologiques. Sur la ferme expérimentale­ de Thorigné-d’Anjou (limons sableux hydromorphes et séchants), cinq rotations sont comparées (lire l’encadré).

Cinq rotations comparées

Sans atelier d’élevage, la particularité du dispositif est l’absence d’apports de matières organiques extérieures­ : « Il s’agit d’un choix scientifique­, précise François Boissinot, de la chambre d’agriculture. En effet, ces intrants sont coûteux et d’une efficacité aléatoire. » Au démarrage du projet, l’équipe avait également pressenti un durcissement de la réglementation, qui se vérifie aujourd’hui (interdiction des effluents d’élevage d’origine industrielle).

Le trèfle gagnant

Sur les cinq rotations, l’apport net des légumineuses (quantité d’azote de l’air restitué au sol) a été calculé : les biomasses aériennes ont été mesurées au champ et les biomasses racinaires évaluées avec la méthode Merci (Méthode d’estimation des restitutions par les cultures intermédiaires).

Les résultats mettent en évidence des différences d’une légumineuse à l’autre, le trèfle d’interculture occupant la première place (85 kg N/ha). Viennent ensuite la luzerne (33 kg N/ha), la féverole d’hiver (23 kg N/ha) et enfin le pois de printemps (12 kg N/ha). La faible valeur sur la luzerne interroge quant à la pertinence de la méthode Merci pour cette culture, et à l’effet possible des phénomènes de rhizodéposition (réflexions à venir en matière d’essais).

Plus globalement, « l’enseignement est de produire de la biomasse et de l’enfouir, les termes produire et enfouir ayant tous deux leur importance », insiste François Boissinot. Enfin, l’implantation du trèfle sous couvert d’une céréale ou le fait de laisser les repousses de féveroles permettent d’optimiser le potentiel.

Un bilan global à améliorer

En matière de coût, l’avantage revient aux légumineuses : par exemple, le coût du trèfle d’interculture est compris entre 0,7 et 0,9 €/uN suivant la variété, tandis que celui d’une matière organique importée se situe entre 1,7 et 4,7 €/uN selon le produit (fientes de poules, farines de plumes…).

Au global, les résultats sur tournesol sont satisfaisants, grâce notamment au couvert de trèfle qui le précède : la fourniture en azote est supérieure aux besoins, les adventices maîtrisées et les rendements au-dessus de l’objectif de 25 q/ha. À l’inverse, le bilan est plus mitigé pour le blé tendre d’hiver, précédé le plus souvent par un protéagineux qui restitue moins d’azote. Les rendements oscillent entre 15 et 36 q/ha, pour un objectif de 30 q/ha. « Nous devons travailler et améliorer ce volet-là », souligne François Boissinot. C. Salmon

(1) http://itab.asso.fr/itab/missions.php