Le marché des céréales affiche une certaine morosité cette semaine, les prix s’effritant en blé, en orge et en maïs sur les places physiques françaises, alors que des inquiétudes climatiques génèrent de la nervosité à l’échelle mondiale.

Nervosité climatique

En blé, le rendu Rouen nouvelle campagne est quasi stable, perdant cette semaine 1 €/t, à 160,75 €/t. Euronext (échéance de décembre) est inchangé par rapport à la semaine dernière, à 174,75 €/t. Ces faibles variations françaises surviennent dans un contexte mondial où les prix s’inscrivent plutôt en hausse. Le marché reste en effet suspendu au sort des cultures dans plusieurs zones, à commencer par les blés de printemps aux États-Unis, menacés par la sécheresse dans les plaines du nord.

Malgré les quelques averses survenues ces derniers jours, les cultures sont à risque, et cela menace la disponibilité mondiale déjà réduite de blés très protéinés. Les prix des blés américains ont ainsi continué leur hausse (+9 $/t pour le blé d’hiver HRW, tandis que le prix des blés de printemps est au plus haut depuis deux ans).

S’y ajoute un début de tension en lien avec le temps sec en Ukraine, tension également alimentée par la sécheresse qui s’est installée en Australie (ce qui est de mauvais augure pour les blés en cours de semis). Le blé russe marque aussi un regain de fermeté (+4 $/t). Cela contribue à réduire le déficit de compétitivité du blé français face aux origines mer Noire pour le début de la campagne de 2017-2018.

L’Europe elle-même n’est pas exempte de craintes météorologiques : les fortes températures annoncées dans plusieurs régions françaises pourraient coûter cher en rendement en pénalisant le remplissage des grains.

Le calme avant le weather market ?

Les cours mondiaux du maïs sont relativement calmes cette semaine, tandis que le Fob Bordeaux s’affiche en recul de 5 €/t, à 155,75 €/t, effaçant le gain enregistré au cours de la semaine précédente. Sur ce marché, ce sont là aussi des considérations climatiques qui vont dicter l’évolution des cours : les cultures de maïs aux États-Unis approchent la phase très sensible de floraison, alors que le temps reste relativement sec.

L’annonce de pluies abondantes sur la zone de production de maïs a fait rebaisser la tension (-4 $/t à Chicago), mais si ces pluies ne se concrétisaient pas, la nervosité pourrait repartir de plus belle. En Ukraine, le temps sec perdure et soutient les cours, avec une hausse de 6 $/t depuis la semaine dernière. Toutefois, il n’y a pas de pénurie en vue sur un marché mondial qui bénéficie des excellentes récoltes d’Amérique du Sud.

L’exportation se poursuit mais les prix s’affaissent

Du côté des orges, les prix nouvelle récolte s’affaissent, perdant 3 €/t sur les différentes places françaises depuis la semaine dernière, à 139,75 €/t en rendu Rouen pour de l’orge fourragère. Le flux à l’exportation vers l’Arabie Saoudite se poursuit, avec un nouveau bateau de 64 000 tonnes qui vient d’être chargé.

Ces ventes à l’exportation (avec un record de 900 000 tonnes cette année vers l’Arabie Saoudite, mais une très faible présence sur la Chine malgré une demande importante) auront été un élément indispensable pour éviter l’alourdissement du bilan français.

Les orges brassicoles perdent elles aussi 2 à 3 €/t en nouvelle récolte. Il faudra cependant surveiller l’impact potentiel des fortes chaleurs en France sur le rendement des orges de printemps, après que les orges d’hiver ont subi une vague de sécheresse et le gel plus tôt au cours du printemps.

À suivre : vague de chaleur en France, sécheresse sur les blés de printemps au Canada et aux États-Unis, confirmation de l’arrivée des pluies sur le maïs aux États-Unis, poursuite ou non du raffermissement des prix de blé russe.

Les cours du colza restent soutenus

Les cours du colza français sont quasi stables cette semaine, malgré la hausse des cours mondiaux et un léger recul de l’euro face au dollar. Ainsi, sur Euronext, le colza perd 0,25 €/t sur le rapproché (échéance d’août), à 360,75 €/t (soit une perte de 2,5 $/t). Sur le marché physique, les prix du colza sont inchangés en rendu Rouen et gagnent de nouveau 4 €/t en Fob Moselle, soutenus par une forte demande outre Rhin. Il est à noter que l’association des coopératives allemandes a remonté sa prévision de récolte à 4,8 millions de tonnes (Mt), contre 4,7 Mt précédemment (grâce aux pluies de la fin de mai et du début de juin).

Au Canada, le prix du canola à Winnipeg poursuit leur hausse cette semaine (+7 $/t). Si les semis sont maintenant quasi terminés, le développement des plants reste en retard par rapport à la normale. Il est à noter par ailleurs que la demande sur le rapproché reste forte, avec des exportations qui ne faiblissent quasi pas sur la fin de campagne : elles pourraient atteindre le record de 10,6 Mt sur juillet 2016/juin 2017.

De nouveau, le prix de la graine de tournesol perd cette semaine 5 €/t à Saint-Nazaire (à 349 €/t), dans un marché caractérisé par une offre confortable.

Très léger affaissement du soja

À Chicago, les cours du soja reculent très légèrement cette semaine. Ils perdent ainsi 1,25 $/t sur l’échéance la plus proche (juillet). En mai, les exportations du Brésil ont atteint un nouveau record, à 11 Mt (10,4 Mt en avril 2017 et 9,9 Mt en mai 2016). Des chargements très conséquents sont encore attendus dans les prochains mois. Ces flux, ainsi que la bonne avancée des semis aux États-Unis, pèsent sur les cours.

Le recul des prix est toutefois limité par des ventes américaines à l’exportation assez dynamiques et le maintien d’un bon rythme de trituration en mai. Les semis aux États-Unis continuent leur progression, avec 91 % des champs semés au 11 juin et 77 % émergés (en légère avance par rapport à la moyenne quinquennale). Environ 66 % des plants sont notés bons à excellent, en net recul par rapport à l’an dernier (74 %). Les conditions climatiques des prochaines semaines restent donc à surveiller de près.

Tourteaux, l’ampleur des disponibilités pèse sur les cours

Les prix des tourteaux reculent cette semaine avec les fortes disponibilités (trituration active). À Montoir, les tourteaux de soja perdent 3 €/t à 316 €/t sur le rapproché. Sur le marché à terme de Chicago, les cours reculent de 6 $/t par rapport à la semaine dernière, à 331 $/t.

Le prix du pois fourrager départ Marne perd de nouveau 3 €/t à 205 €/t. Faute d’affaires, le prix du pois jaune est inchangé à 237 €/t rendu Rouen.

À suivre : déroulement des levées de soja et canola en Amérique du Nord, état des plants et météorologie estivale.