« La Russie a encore des céréales à vendre et assoit sa domination sur les marchés », a confirmé Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre chez FranceAgriMer, lors d’une conférence de presse mercredi 14 mars.
Les prévisions d’exportations de blé russes ont été relevées à 37,5 millions de tonnes (Mt) par l’USDA (ministère de l’Agriculture américain), certains instituts donnant même des prévisions supérieures, selon Marc Zribi. En février, la Russie a exporté un record de 3 Mt de blé, un volume inédit pour cette période (1,5 Mt en février 2017). « Sur la première semaine de mars, 600 000 tonnes ont été exportées. Et il n’y a pas de problème de logistique », a complété Marc Zribi.
La Russie continue ainsi de phagocyter les parts de marché des autres pays exportateurs, notamment la France. L’Égypte confirme par exemple sa préférence pour les blés russes, qui représentaient 80 % de ses importations au 6 mars. Les importations françaises y plafonnaient à 1 %.
Pour le cinquième mois consécutif, FranceAgriMer révise à nouveau les exportations françaises de blé tendre vers les pays tiers. Elles sont désormais estimées à 8,5 Mt , en retrait de 500 000 tonnes depuis le mois dernier. Au début de mars, les embarquements cumulés vers les pays tiers s’établissaient à 4,8 Mt, en retrait de 37 % par rapport à la campagne de 2015-2016. Les exportations vers l’Union européenne, quant à elles, ont été légèrement rajustées à la hausse, à 8,5 Mt.
Orges : hausse de la demande chinoise
En orges, le bilan mondial reste tendu. « Les stocks de fin de campagne sont au plus bas depuis 30 ans », observe Marc Zribi. Le ratio stock/consommation est en baisse, à 12 %. La Chine reste moteur de la demande, avec en particulier une forte hausse de la province de Guangdong. En conséquence, les prix de l’orge sont au plus haut depuis près de trois ans.
En France, les embarquements cumulés d’orges vers les pays tiers s’établissent à 1,7 Mt, la Chine arrivant en tête avec 343 000 tonnes, suivi de l’Arabie Saoudite (317 000 t) et de la Tunisie (288 000 t). Il est à noter que l’Algérie a doublé ses importations d’orges françaises par rapport à l’an dernier, à 245 000 t.
Maïs : progression des prix en raison des incertitudes
La sécheresse sévère qui sévit en Argentine a engendré une baisse des prévisions de production du pays de 3 Mt. Au Brésil, les incertitudes quant à la safrinha (deuxième récolte) poussent les analystes à prévoir également une baisse conséquente. « L’USDA a abaissé la production brésilienne de maïs de 0,5 Mt, mais la plupart des analystes prévoient une baisse de 4 à 5 Mt », précise Marc Zribi. Les prix du maïs à l’exportation ont ainsi grimpé de 17 % depuis le début de la campagne.
Aux États-Unis, la demande est en forte hausse mais des difficultés logistiques liées à une météo défavorable ralentissent les exportations. Au 1er mars, 24 navires seraient en attente de chargement, selon FranceAgriMer.
Du côté des importateurs, il est à noter la forte présence à l’achat de la Corée du Sud (600 000 t en trois jours durant la première semaine de mars). De son côté, le Mexique s’ouvre aux maïs brésiliens, au détriment de son fournisseur et voisin historique. « Le Mexique diversifie les origines de ses importations, probablement en raison des tensions diplomatiques et commerciales avec les États-Unis », a indiqué Marc Zribi.