Selon une étude de l’Inra de Sophia Agrobiotech parue le 15 décembre 2016 dans la revue américaine Plos One, 40 % des publications scientifiques consacrées à l’efficacité ou à la durabilité des plantes transgéniques Bt (résistantes à la pyrale) présentent des conflits d’intérêts financiers. C’est-à-dire « un ensemble de circonstances qui créent un risque que le jugement professionnel ou les actions concernant un intérêt principal soient indûment influencés par un intérêt secondaire ».
672 articles passés au crible
Pour aboutir à ces résultats, les chercheurs ont analysé 672 publications (dont 404 américaines et 83 chinoises) publiées entre 1991 et 2015 dans des journaux scientifiques à comité de lecture. « Nous les avons réparties en trois catégories, celles dont la conclusion était globalement favorable aux OGM, défavorable ou neutre », explique Thomas Guillemaud, directeur de recherche à l’Inra, coauteur de l’étude avec deux autres chercheurs.
Ensuite, article par article, les chercheurs ont analysé les affiliations déclarées des auteurs à des groupes semenciers ou de biotechnologies produisant des OGM ou à des sociétés de lobbying travaillant pour eux. Il est à noter que les publications dont le financement ne pouvait pas être identifié ont été écartées de l’étude. Bilan, 579 articles sur les 672 ont été conservés.
Concernant les articles qui présentent un conflit d’intérêts financier, cela signifie que les études ont été menées ou financées, entièrement ou en partie, par les industries de biotechnologies qui développent et vendent ces plantes (Monsanto, Syngenta, Dow AgroSciences et DuPont Pioneer).
Faire état des conflits d’intérêts
Les chercheurs précisent que « pour les publications présentant un conflit d’intérêts, les conclusions sont plus fréquemment favorables aux intérêts des industries semencières (probabilité augmentée de 50 %) que pour celles sans conflit d’intérêts ».
Même tendance générale à l’échelle du chercheur : « Les conclusions des publications d’un même chercheur sur un même sujet sont en moyenne plus souvent favorables aux intérêts des industries de biotechnologies pour les publications présentant un conflit d’intérêts », précise l’Inra dans son communiqué du 16 décembre 2016.
Toutefois, l’organisme de recherche note que « les analyses menées ne permettent pas de déterminer si les conflits d’intérêts financiers sont la cause de la plus grande fréquence de conclusions favorables aux intérêts des industries de biotechnologies ».
Les auteurs de l’article « encouragent les revues scientifiques à explicitement faire état des conflits d’intérêts financiers présents dans les études ». Ils proposent également, « pour éviter ces conflits, de mettre en place un fonds de recherche qui, tout en étant financièrement abondé par les industries concernées, en serait indépendant lors du choix des études à financer. »