« Pas de volumes, pas de prix, et pas de qualité, constatait Patrick Aps, directeur général de Cap Seine, à la veille de l’assemblée générale du groupe. Jamais de mémoire d’agriculteur, nous n’avions connu une année aussi noire pour les céréales que celle de 2016 avec une crise d’une telle violence. Statistiquement, nous pourrions espérer que cet épisode rare ne se reproduise pas avant longtemps, mais malheureusement, en réalité, personne ne peut prédire cela. »
Un quart de la collecte perdue
La moisson de 2016 a été catastrophique : Cap Seine a perdu plus de 25 % de sa collecte sur son territoire et 10 % de ses 3 700 adhérents présenteraient aujourd’hui de « réelles difficultés ». C’est dans ce contexte que la coopérative a annoncé expérimenter une assurance chiffre d’affaires pour les céréales auprès d’une centaine de ses adhérents.
« Nous discutons à un système de mutualisation en conseil d’administration », a dévoilé le président Jean-Charles Deschamps. Selon lui, il faudrait aussi pouvoir trouver un système fiscal avantageux pour pouvoir profiter des revenus des bonnes années pour préparer les mauvaises. Ce point de vue constituerait un point de blocage avec l’Administration.
Investissements préservés
En attendant que ce type de dispositif d’assurance se généralise, Cap Seine rêve de gestion prédictive des risques avec des investissements annoncés dans les nouvelles technologies et la transformation digitale. Elle en reste aujourd’hui à une gestion posttraumatique de la crise de 2016. Elle peut pour cela s’appuyer sur d’excellents résultats au cours de l’exercice 2015-2016 : 932 millions d’euros de chiffre d’affaires et 11, 4 millions d’euros de résultat net.
Le groupe a ainsi pu soumettre au vote de l’assemblée générale des restitutions exceptionnelles de 6,1 millions d’euros aux adhérents. Cet « effort » s’ajoute au plan d’urgence déployé très tôt durant la campagne. L’entreprise estime qu’elle a jusqu’ici déjà réussi à préserver les investissements pour les mises en culture d’automne. Elle reste cependant vigilante pour la mise en place des cultures de printemps. « Nous serons présents durant toute la campagne », a souligné Patrick Aps.