«En combinant plusieurs leviers, nous allons réussir à réduire les quantités de fongicides appliquées contre le mildiou, explique Cyril Hannon, spécialiste pommes de terre chez Arvalis. Dans le cadre du programme d’expérimentations Com-Pot, financé par FranceAgriMer, nous testons la combinaison de variétés peu sensibles à la maladie, le recours au modèle Miléos, la réduction des doses de fongicides et l’emploi d’un produit de biocontrôle. Les résultats sont très concluants. Nous avons même conduit certaines parcelles sans aucun fongicide. » Le produit de biocontrôle utilisé est le phosphonate de potassium, un stimulateur de défense des plantes de De Sangosse, en cours d’homologation.
Le nombre de variétés peu sensibles au mildiou disponibles en France s’est élargi récemment avec, par exemple, Makhaï en fécule, Cephora, Passion, Maïwen, Zen, Kelly, Delila ou Azilis en consommation, ou Tentation en chair ferme. En Belgique, à côté de Bionica et Sarpo Mira, surtout utilisées en bio, la société Comexplant a profité de Potato Europe (1) pour lancer Louisa, sa nouvelle variété « chipable ». Selon son obtenteur, le Dr Jean-Louis Rolot, de CRAW Libramont, elle bénéficie d’une résistance « horizontale », plus durable que les résistances portées par un seul gène.
Un modèlecontre l’alternaria
L’alternaria est plus difficile à appréhender. « Contrairement au mildiou, le cycle du champignon est encore mal connu », explique Benjamin Couvreur, de l’institut technique belge Carah. Ce dernier fait partie des partenaires du programme franco-belge Sytranspom, qui associe, en France, Arvalis et la chambre d’agriculture du Nord - Pas-de-Calais. « Nous savons qu’il faut une alternance de temps sec et humide, ainsi qu’une certaine durée d’humectation du feuillage à une température comprise entre 13 et 30 °C pour que la maladie se développe. Mais sans plus de précisions. Nous avons engagé une série d’essais en France et en Belgique pour mieux comprendre le pathogène et mettre au point un modèle de déclenchement des traitements. Nous travaillons à partir de mesures d’humidité et de température au niveau du feuillage. » Benjamin Couvreur espère disposer d’un modèle fiable d’ici deux à trois ans.
« C’est important de connaître le positionnement optimal du traitement, car les produits disponibles contre l’alternariose agissent tous en préventif », poursuit Olivier Mahieu, directeur du service « expérimentation » du Carah.
à terme, l’idée d’Arvalis est d’intégrer ce modèle pour l’alternaria à l’outil Miléos. Blandine Caillez
(1) Potato Europe s’est déroulé les 4 et 5 septembre, à Tournai (Belgique).