En betterave industrielle, la Limagne est la seule région touchée par le charançon (Lixus junci), qui remonte désormais vers le nord et arrive aux portes des sucreries du Loiret. « Nous l’avions détecté il y a quelques années, mais avec seulement des dégâts mineurs », raconte Dominique Chatard, de la sucrerie de Bourdon (Cristal Union), en Auvergne. « Depuis quatre ans, surtout en 2016, c’est l’explosion, due probablement à la hausse des températures. » Le ravageur est, en revanche, historiquement présent sur les betteraves porte-graine dans le Sud-Ouest. « On l’observe aussi depuis deux ans dans le Berry et dans le Maine-et-Loire », souligne Benjamin Coussy, de la Fnams (1).

Dégâts de larves

Les adultes arrivent en avril-mai. S’il mesure 1 à 1,5 cm de long, le charançon n’est pas très facile à détecter dans la végétation, car il a tendance à se laisser tomber à terre, sur le dos, et à faire le mort quand on s’approche. « Il faut absolument bien observer le sol, récupérer les adultes s’il y en a, et attendre sept à huit minutes pour qu’ils réagissent »,poursuit-il.

La ponte a lieu dans les pétioles. En 2017, les piqûres étaient visibles fin mai. Selon la température, les œufs éclosent trois à quinze jours plus tard, pour donner quatre stades larvaires (jusqu’à mi-, voire fin juillet). Les larves creusent des galeries dans les pétioles et migrent en grande majorité vers le collet, puis vers la racine. Une nymphose suit, pour donner un adulte en août ou septembre. Il n’y a pas, a priori, de deuxième génération. « En Italie et en Afrique du Nord, on en observe deux, souligne Benjamin Coussy. Avec le réchauffement climatique, on ne peut pas exclure que cela arrive un jour chez nous. »

Pyrèthres peu efficaces

En porte-graine, huit matières actives sont autorisées (pyrèthres, néonicotinoïdes). « Jusqu’à présent, notre programme de référence était basé sur Proteus et Suprême, ajoute-t-il. Nous sommes à la recherche d’autres solutions pour pallier leur retrait. » Les premiers tests de produits de biocontrôle ont donné des résultats encourageants, qui devront être validés en 2018. « Il est difficile de mettre en place une lutte autre que chimique, car nous n’arrivons pas à piéger ce ravageur », explique Benjamin Coussy.

En betterave sucrière, « les seuls insecticides autorisés (Karaté Zéon à 0,05 l/ha et Décis Protech à 0,33 l/ha) le sont à des doses trop faibles pour être suffisamment efficaces », souligne Dominique Chatard. Dans le cadre de la CTBL (2), trois essais ont permis de tester, en 2017, des insecticides déjà homologués pour d’autres usages. « Cette année, le nombre de solutions testées sera plus important, afin d’explorer des familles autres que les pyrèthres, avec des doses efficaces, ainsi que des produits de biocontrôle », précise-t-il

(1) Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences. (2) Commission technique betteravière de Limagne, qui regroupe Cristal Union, l’ITB et le Syndicat betteravier de Limagne.