Dans un contexte de restrictions réglementaires, notamment par rapport au cuivre au niveau européen, Arvalis rappelle qu’il est nécessaire de combiner les moyens d’action qui, employés seuls, ne présentent que des effets partiels. Le levier variétal est cependant prometteur : « Les variétés nouvelles sont pour la plupart très résistantes au mildiou », a déclaré Cyril Hannon, d’Arvalis, à l’occasion d’une journée technique fin janvier. Arvalis et l’Itab (l’Institut technique de l’agriculture biologique) insistent sur le besoin de communiquer sur ces variétés, regrettant qu’actuellement le choix variétal soit davantage dicté par le débouché que par les conditions de cultures ou la pression des ravageurs, à la fois en conventionnel et en bio.

Infestées 20 jours plus tard

Depuis deux ans, Arvalis effectue un suivi de la résistance au mildiou en contamination naturelle de 30 variétés anciennes et nouvelles, sur une parcelle d’essai implantée à Haudeville (Loiret). « L’infestation des variétés nouvelles apparaît vers le 25 juillet, soit une vingtaine de jours plus tard que sur Agata, Bintje ou Charlotte, par exemple, qui sont plus sensibles. » Parmi les variétés les plus résistantes identifiées pour cet essai : Maiwen, Delila, Passion, Rackam, Zen, Kelly, Tentation, Coquine, Cephora et Makhaï. Au 2 août, toutes ces variétés ont eu moins de 15 % de leur feuillage détruit. Étudier le comportement des anciennes variétés est important car les souches de mildiou évoluent au fil des années.

Makhaï, la plus résistante

Depuis 2016, le processus de sélection variétale inclut l’utilisation de la « valeur environnementale » en plus des traditionnelles performances d’utilisation et agronomiques. Sur une échelle variant de - 2 (très mauvaise) à + 8 (très bonne), Bintje, Agata et Kaptah V, connues de manière historique, ont une note de 0. Makhaï, inscrite en 2017 et qui obtient une note environnementale de 7, est la variété la plus résistante au mildiou, avec la note maximale de 9.

En agriculture biologique, certaines variétés disponibles présentent des notes environnementales très faibles avec des résistances au mildiou qui ne sont pas compatibles avec l’AB. « Cela a tendance à évoluer depuis un an ou deux, avec cinq nouvelles variétés disponibles depuis 2017 qui ont un comportement intéressant vis-à-vis du mildiou, explique Mathieu Conseil, de l’Itab. Mais il y a encore des variétés qui ont des notes environnementales fortes et qui ne sont toujours pas disponibles en AB. C’est l’un des principaux soucis en pommes de terre bio. »