La production fourragère dépend en partie du niveau des fournitures azotées. Celles-ci sont d’origines diverses : le sol, les restitutions des animaux au pâturage, les engrais de ferme, les légumineuses et, enfin, la fertilisation azotée minérale. Cette dernière se calcule en plusieurs étapes. La première consiste à apprécier au plus juste l’objectif de production avec un degré d’incertitude de plus ou moins 1,5 t de matière sèche par hectare (MS/ha). Le résultat est multiplié par la teneur en azote de l’herbe qui varie de 15 à 30 kg d’azote/t de MS. Par exemple, une production de 10 t de MS/ha, en pâturage tournant à rotation lente nécessite 250 kg/ha d’azote.

Dans un deuxième temps, il faut estimer les fournitures d’azote hors fertilisation, c’est-à-dire l’azote fourni par la minéralisation du sol, la restitution des animaux en pâture et la fixation symbiotique des légumineuses (lire encadré ci-contre). Ces fournitures peuvent se traduire en fonction de deux paramètres principaux : si la pousse estivale est très ralentie avec, de surcroît, peu ou pas d’entretien azoté antérieur ou, au contraire, si une bonne pousse se cumule à de fréquents épandages d’azote, le chiffre varie de 20 à 190 kg/ha.

La différence entre les besoins estimés et la somme des fournitures hors fertilisation correspond à la quantité d’azote qu’il faudra fournir via les engrais pour compléter l’offre du sol. Compte tenu que seule une fraction des engrais épandus est absorbée par les plantes (coefficient apparent d’utilisation de 60 à 70 %), la quantité d’azote sera divisée par 0,6 ou 0,7, ce qui donnera la dose totale à épandre.

S’il y a apport organique, la quantité d’azote directement assimilable par les plantes d’un effluent d’élevage passe par une analyse récente ou par l’utilisation des valeurs indicatives exprimées en kg d’azote par tonne de produit brut, multiplié par un coefficient d’équivalence engrais minéraux (disponible gratuitement sur la brochure du Comifer, Calcul de la fertilisation azotée - 2013).

Premier apport azoté à 200° C

« Pour optimiser la production des prairies, la date du premier apport d’azote est cruciale », déclare Rémi Brochier, ingénieur régional fourrages Arvalis à la ferme des Bordes (Indre). Comme il n’existe pas de stade physiologique repère pour déclencher le premier apport, Arvalis recommande de l’effectuer sur la base de 200° C cumulés depuis le 1er janvier base 0° C. Pour ceux qui manquent de temps, l’institut propose un outil de pilotage gratuit « Date N’Prairie », qui utilise la station la plus proche de chez vous en renseignant son code postal. L’outil estime directement la date prévisionnelle d’épandage. Afin de limiter les pertes d’azote par lixiviation ou volatilisation, ce premier épandage ne devrait jamais excéder 80 U/ha. Les apports suivants sont à réaliser entre cinq et dix jours après la fauche ou la pâture, durée nécessaire pour que les racines retrouvent leur pleine aptitude à capter l’azote.

Il faut également éviter les épandages après le 15 juin, en lien avec la croissance de l’herbe qui est ralentie à nulle, en sachant que même en cas de pluie, la minéralisation du sol se chargera de fournir de l’azote aux plantes.