Avant de se lancer dans une analyse biologique, un profil du sol ou un test bêche sont indispensables pour apprécier la structure du sol et les éventuels problèmes de tassements. Un sol compacté et non poreux aura du mal à respirer et à faire vivre les micro-organismes qui l’habitent.
Une analyse physico-chimique (pH, teneur en éléments minéraux) peut aussi mettre en lumière d’éventuels dysfonctionnements de la parcelle. Lorsque le blocage persiste sans que ces premières analyses n’aient réussi à l’expliquer, il peut être judicieux d’avoir recours à une analyse biologique. L’interprétation de ce type d’analyse dépend de la texture du sol et du type de culture. « La quantité de biomasse microbienne est fortement corrélée avec le type de sol, explique Thibault Debaillieul, ingénieur conseil chez Celesta-lab, un laboratoire proposant des analyses biologiques du sol depuis plus de vingt ans. Un sol argileux sera, par exemple, plus protecteur de la matière organique, et hébergera potentiellement plus de biomasse microbienne. »
Fort d’une base de 15 000 analyses, Celesta-lab a développé son propre référentiel, avec des seuils propres à chaque type de sol. « Il n’y a pas de bonnes notes ou de mauvaises notes pour les sols, tout dépend du contexte ! », affirme Thibault Debaillieul. L’interprétation des analyses biologiques permet ensuite de mettre en place des plans d’action pour lever les contraintes, en fonction des résultats relevés : préconisation de fertilisation minérale, apports de matière organique stable (composts…) ou riche en matière fermentescible et en azote (lisiers, fumiers peu pailleux, fientes de volaille…), mise en place d’intercultures, surveillance de l’état de compaction du sol, etc. La bonne santé biologique d’un sol peut s’apprécier selon trois piliers (voir infographie) : la biomasse microbienne, l’équilibre des matières organiques liées et libres ainsi que la dynamique de minéralisation du carbone et de l’azote.
1Biomasse microbienne
La biomasse microbienne se renouvelle rapidement dans le sol et rend les éléments qu’elle contient (N, P, S, etc.) potentiellement disponibles pour les plantes. En rapportant cette biomasse microbienne au taux de carbone dans le sol, on peut évaluer « la capacité du sol à fabriquer de la biomasse. ». Lorsque cette valeur est trop faible, cela signifie que le développement de la vie microbienne est potentiellement entravé par plusieurs éléments, comme le tassement du sol, le manque de porosité ou un apport de matière organique peu nourrissante car trop stabilisée (âgée).
2Matières organiques libres et liées
En plus du taux de matière organique total (qui est déjà, à lui seul, un indicateur de la qualité des sols), le fractionnement des matières organiques permet de connaître l’équilibre entre les matières organiques libres (les plus facilement consommées, qui ont entre 2 et 20 ans) et les matières organiques liées (les plus stables dans le temps, qui ont de 50 à plus de 200 ans). Des réserves à long terme plus fortes que les réserves à court terme peuvent indiquer que les restitutions organiques sont trop faibles par rapport aux exportations, ou que la consommation des matières organiques fraîches est rapide et sans apport d’entretien suffisant (sol fréquemment travaillé sans apport de matière organique, par exemple).
3Activités microbiennes
Les échantillons reçus par Celesta-lab sont incubés à 28 °C pendant 28 jours à humidité non limitante, ce qui permet de simuler l’activité du sol sur les quatre prochains mois. « La quantité de carbone minéralisé peut s’illustrer comme étant le carburant du sol », explique Thibault Debaillieul. En effet, les micro-organismes utilisent le carbone organique comme source d’énergie pour leur croissance et leur développement. Une faible minéralisation du carbone sera pénalisante pour le développement de la biomasse microbienne et la faune du sol. La mesure de la minéralisation de l’azote permet aussi de calculer une donnée intéressante pour l’agriculteur : la quantité d’azote transformée par l’activité microbienne au bout de quatre mois et disponible pour les plantes.