En 2007, Jean Hamot remisait sa charrue. Installé avec son fils Cyril, salarié sur l’exploitation de 210 hectares à Montadet, dans le Gers, il faisait face à d’importants problèmes d’érosion et de battance qu’il a décidé d’endiguer grâce à l’arrêt du labour et à la mise en place de couverts végétaux d’interculture. « Pendant trois ans, il a fallu se faire la main, se remémore-t-il. J’ai commencé par des essais de couverts d’avoine qui n’étaient pas concluants, car le sol restait trop humide en dessous. Petit à petit, j’ai ajouté des légumineuses. La féverole est ressortie comme étant la plus adaptée. » Dès lors, le maïs et le soja sont semés directement dans un couvert de féveroles d’hiver, qui monte parfois à 1,40 m de haut. La quantité de biomasse produite équivaut, selon la méthode Merci (lire encadré) à près de 9 t de matière sèche par hectare, soit environ 350 kg d’azote capté par hectare. Seule une petite partie de cette quantité d’azote sera potentiellement disponible pour la culture suivante, d’autant que sans travail du sol, la dégradation des résidus est plus lente. La partie non minéralisée n’est cependant pas perdue, elle sera capitalisée dans la matière organique et redistribuée les années suivantes, améliorant petit à petit la fertilité du sol. Dix ans après la mise en place des couverts, l’amélioration de la structure du sol est visible. « Il n’y a plus de battance, et plus de boue qui descend dans les fossés », constate Jean Hamot. L’organisation du travail aussi est modifiée : moins de temps passé sur le tracteur, plus de temps d’observation des parcelles et dans les groupes d’échanges. L’agriculteur a adhéré à Agro d’Oc, une union de Ceta (Centre d’étude des techniques agricoles) répartis sur le bassin Adour-Garonne. Plusieurs techniciens y animent des formations sur l’agriculture de conservation et mettent en place des expérimentations chez les adhérents.
Féverole et sorgho
Afin d’apporter davantage de carbone au sol, Jean Hamot a ajouté depuis l’an dernier des couverts de sorgho. L’itinéraire technique (en parcelles irriguées) est le suivant : blé – couvert de sorgho – couvert de féverole – maïs – couvert de féverole – soja. Le maïs reçoit environ 190 unités d’azote, un chiffre qui pourrait tendre à diminuer au fur et à mesure que la fertilité du sol augmente. « L’important, dans les systèmes en semis direct, est de bien anticiper les apports d’engrais, souligne Jean Hamot. Pour le blé, les trois quarts de la fertilisation sont épandus à épi 1 cm. » En passant du labour au semis direct, les rendements de l’exploitation n’ont pas diminué, au contraire. Cette année, le potentiel du maïs est de 120 q/ha (aux normes), contre 100-105 habituellement. « Preuve que le maïs en semis direct, ça ne marche pas ! » ironise Jean Hamot.