L’utilisation des pyréthrinoïdes depuis une quarantaine d’années engendre inévitablement une pression de sélection sur les ravageurs du colza. Déjà avérées depuis vingt ans chez les pucerons verts ainsi que les méligèthes, les résistances chez les grosses altises et les charançons du bourgeon terminal, détectées en 2014, se généralisent.

Bizarrement, aucune résistance n’a encore été identifiée sur le charançon de la tige, alors que le traitement est systématique. « Depuis 2015, nous suivons l’évolution des résistances des ravageurs du colza aux insecticides, notamment grâce à des tests ADN », explique Julien Carpezat, technicien chez Terres Inovia. Indispensables pour conclure à l’émergence de populations résistantes, les tests en laboratoires sont complémentaires des essais au champ.

Intensifier les analyses

Le monitoring 2016 de Terres Inovia montre que sur grosse altise, les résistances sont présentes dans le Nord, le Centre, l’Ouest, le Sud-Est, et sont particulièrement fortes dans l’Yonne. Sur charançons du bourgeon terminal, les résistances sont détectées dans le Centre et dans l’Yonne, l’Aube et dans le sud-ouest de la Marne.

Terres Inovia prévoit d’intensifier ses analyses dans ces secteurs afin de déterminer de façon plus précise les niveaux et types de résistance, car plusieurs mécanismes confèrent aux insectes une résistance aux pyréthrinoïdes :

Une résistance de type « mutation de cible » : les insectes sont porteurs d’une ou plusieurs mutations de gènes qui empêchent l’insecticide d’atteindre convenablement ses cibles, généralement localisées dans le système nerveux des insectes.

Une résistance de type « détoxification » : les insectes produisent une enzyme qui leur permet de se débarrasser rapidement des molécules toxiques de leurs corps.

Le test ADN permet d’identifier de façon précise et rapide (une demi-journée), avec seulement une vingtaine d’insectes, les mutations responsables de ces résistances. Il ne permet pas, en revanche, de détecter les résistances par détoxification ! Pour cela, des « tests flacons » sont nécessaires : les insectes sont enfermés dans des flacons contenant différentes doses d’insecticides et d’inhibiteurs afin d’évaluer leur niveau de résistance. Pour ce test, environ 350 insectes vivants sont nécessaires… Un nombre conséquent, dont la collecte n’est pas chose aisée. Terres Inovia lance ainsi un appel aux techniciens et agriculteurs afin de capturer des grosses altises et des charançons du bourgeon terminal.