Issu du croisement par sélection classique entre un blé dur (Triticum durum) et une orge sauvage (Hordeum chilense) originaire du Chili et d’Argentine, le tritordeum a été lancé officiellement en France le 5 novembre dernier. Il pourrait devenir une « nouvelle alternative pour la filière céréalière ». Telle est, en tout cas, l’ambition d’Agrasys, entreprise espagnole qui travaille sur le programme de sélection et d’amélioration de la céréale depuis 2006, et qui détient les droits exclusifs de commercialisation. L’entreprise contrôle directement l’ensemble de la filière, du producteur de grains au transformateur, en passant par les semenciers et les meuniers, au travers de licences de production et/ou de ventes.

1 700 ha en Europe

Il s’agit de la deuxième céréale créée par l’homme. La première fut le triticale, qui résulte de la combinaison entre le blé dur et le seigle, et qui est utilisé essentiellement en alimentation animale. Le tritordeum a, lui, vocation à être utilisé pour l’alimentation humaine (lire encadré).

Le tritordeum est cultivé depuis 2013 en Espagne, en Italie, au sud du Portugal et en Turquie, en agriculture conventionnelle et biologique. « Pour la campagne 2015-2016, quelque 1 700 ha ont été semés dans toute l’Europe », chiffre Agrasys. 40 ha correspondent à des essais de production en France, menés sur des parcelles d’agriculteurs par Agri-Obtentions, filiale de l’Inra, avec qui Agrasys a signé un contrat de licence commerciale. Le semencier français est chargé de multiplier et de vendre des semences, ainsi que d’organiser la production de grains de tritordeum dans l’Hexagone, afin d’approvisionner le marché. Agrasys se dit ouvert à l’intégration de nouveaux acteurs. « En juillet 2016, sera disponible la première récolte de tritordeum en France », espère Etienne Vassiliadis, responsable commercial d’Agrasys.

Deux variétés sont disponibles pour l’instant (lire ci-contre). « L’itinéraire technique de cette nouvelle céréale se cale sur celui du blé dur. Mais nous sommes seulement en cours de développement, il y a encore des éléments à ajuster en termes de doses et de dates de semis », explique Maxime Sergent, ingénieur responsable filières chez Agri-Obtentions.

Le tritordeum est présenté comme une culture rustique, avec une bonne tolérance aux pathogènes. « Il nécessite peu de fertilisants et montre également une bonne résistance à la sécheresse et aux fortes températures », appuie Maxime Sergent. Un atout supplémentaire qui pourrait donner un coup de pouce à cette « céréale santé ».