Le tournesol ne fait pas exception à la règle, le raisonnement de la fertilisation phospho-potassique est basé sur la connaissance des teneurs du sol via les analyses de sol. « Bien qu'il soit moyennement exigeant en potasse et peu en acide phosphorique, les impasses sont trop souvent systématiques au regard des besoins avec à la clé des pertes de rendement possibles », déclare Gilles Sauzet, ingénieur Cetiom.

Plusieurs stratégies sont possibles en fonction de l'objectif de rendement visé et des résultats d'analyse. En absence d'analyse de sol, jouer la sécurité consiste à couvrir les exportations. Pour des besoins de 1,2 kg de P2O5/q de grains produit et de 1,05 kg de K2O/q, cela correspond à 40 u/ha de chaque élément pour un rendement objectif de 35 q/ha et 30€ u/ha pour un rendement de 25 q/ha. En présence de résultats d'analyse, il est possible d'affiner les apports afin de coller à la situation de chaque parcelle. Dans ce cas, l'impasse devient possible sans risque dans les sols très bien pourvus. Les apports seront de 30 u/ha pour 25 q/ha et de 40 u/ha pour 35 q/ha en sols bien pourvus et passeront à 40 u/ha pour 25 q/ha et 60 u/ha pour 35 q en sols pauvres. A noter, les formes solubles d'engrais phosphatés sont à privilégier et à épandre juste avant la dernière façon superficielle.

Souvent banalisée, la fertilisation azotée du tournesol, qui est moyennement exigeant (4,5 u/q), peut, elle aussi, être affinée pour coller au plus près des besoins. La méthode du bilan suppose de connaître les reliquats azotés sortie hiver sur un minimum de deux horizons, trois en sols profonds, car un tournesol bien enraciné a la capacité de mobiliser l'azote des couches profondes.

Avec ce mode de calcul, la fertilisation minérale est apportée au semis et évolue selon l'objectif de rendement entre 0 et 80 u/ha. Plus pertinente est l'approche Héliotest mise au point par le Cetiom. Elle consiste à fertiliser au semis, à hauteur de 60 à 80 u/ha, une bande test puis à observer ladite bande entre les stades huit et quatorze feuilles. Si la partie fertilisée paraît plus verte et plus haute que le reste de la parcelle, un apport en végétation devient nécessaire.

Le stade auquel apparaît la différence permet d'estimer les fournitures du sol et Héliotest indique, alors, la dose à apporter en fonction de l'objectif de rendement. Plus la carence apparaît tôt et plus la dose croît. Celle-ci varie aussi selon l'objectif de rendement, le plus souvent entre 30 et 60 u/ha.

AZOTE : AJUSTER EN VÉGÉTATION

L'absorption azotée du tournesol ne devenant significative qu'à partir de six feuilles et particulièrement importante à partir de bouton étoilé, l'azote apporté en végétation efface la carence avant le stade critique de la floraison. « Pour ceux qui sont équipés d'un semoir spécifique, une stratégie peut consister à apporter une dizaine d'unités en localisé au semis puis, si la structure du peuplement est bonne à huit feuilles, et seulement dans ce cas, épandre à nouveau une trentaine d'unités en plein », recommande Gilles Sauzet.

Les essais menés par le Cetiom montrent que même dans un département sensible à la sécheresse, comme la Charente-Maritime, la pluviométrie est suffisante 25 années sur 30 pour rendre l'azote efficace.