Nicolas Ferrand, de la chambre régionale d’agriculture de la Nouvelle-Aquitaine, s’est exprimé sur les possibilités offertes par les cultures dérobées en grains lors d’une journée consacrée aux protéines végétales. « Sur une trentaine de parcelles, nous avons testé le tournesol, le colza, et le sarrasin. Nous avons aussi réalisé des tests avec le maïs grain et le sorgho, qui donnent des résultats peu concluants. » Les objectifs principaux de cette étude étaient d’évaluer les opportunités de cultiver des dérobés grains, de montrer les valorisations de l’interculture à la fois d’un point de vue économique pour l’exploitant et d’un point de vue agronomique et environnemental. Il s’agit aussi pour l’agriculteur de savoir s’il peut augmenter sa marge à l’hectare.
Résultats hétérogènes
La production de grains en dérobée se caractérise par l’implantation d’une culture intermédiaire entre deux cultures principales au cours d’une même année afin d’optimiser l’utilisation des terres agricoles. Le tournesol et le sarrasin ont été semés après une culture principale, souvent de l’orge ou du blé, entre la fin de juin et le début de juillet. Ils sont récoltés entre la fin de septembre et le début de novembre, parfois un peu plus tard. Pour la culture suivante, certains agriculteurs ont opté pour une culture de printemps ou d’hiver. Plusieurs paramètres ont été étudiés : l’irrigation, le travail du sol avant semis, le désherbage chimique. L’IFT (indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires) moyen se situe à 0,6 et à la dose d’irrigation à 80 mm.
Le soja et le tournesol apparaissent comme des opportunités sérieuses en termes de rentabilité économique. En termes de rendements, « les résultats sont très hétérogènes en fonction de la zone de production. Par exemple, le tournesol peut faire 20 q/ha dans le Gers, et seulement 8 q/ha en Charente-Maritime. La différence s’explique par l’irrigation dans le Gers, où 135 mm ont été apportés sur la parcelle, et davantage de pluviométrie qu’en Charente-Maritime », détaille Nicolas Ferrand.
Facteurs de réussite et contraintes
Dans un contexte favorable, le soja peut faire de très bonnes marges. En revanche, « les charges peuvent être élevées, notamment les coûts liés à l’irrigation, ajoute Nicolas Ferrand (lire l'encadré). Certaines années, avec beaucoup de restrictions estivales, le soja en culture dérobée ne sera pas forcément le choix le plus judicieux pour l’agriculteur. » Il faut aussi prendre en compte les rendements moyens : 8 à 12 q/ha en tournesol dans l’étude menée dans le Grand Sud-Ouest ; 8 à 22 q/ha pour le soja. En Charente-Maritime, il faudra privilégier le tournesol. Dans les Pyrénées-Atlantiques, où la pluviométrie est abondante, le soja peut donner de bons résultats avec des marges élevées.
Il n’y a, a priori, pas d’impact sur les aides Pac, les aides étant calculées en fonction de la culture principale. Le choix de faire ou non des dérobées se fait aussi en fonction du prix de vente pratiqué et des cours, qui sont volatiles. Les projections concernant le climat confirment la nécessité d’irriguer dans les années futures. Face aux évolutions, on peut s’attendre à ce que la zone de culture du soja s’étende vers le nord de la zone Sud-Ouest et à une augmentation des possibilités de choix de variétés moins précoces.