La CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) s’est félicitée le 5 février 2021, de la signature de l’arrêté autorisant formellement l’usage dérogatoire d’urgence de semences de betteraves traitées avec des néonicotinoïdes pour les semis de 2021.

 

« Annoncée le 6 août 2020 par Julien Denormandie dans le cadre du plan de soutien gouvernemental à la filière de la betterave à sucre, cette autorisation est désormais effective pour la campagne à venir et permet aux agriculteurs de commander leurs semences et ainsi finaliser les semis pour 2021 », évoque le syndicat betteravier dans son communiqué.

« Appauvrissement de la rotation des cultures »

Toutefois, la CGB regrette « que l’arrêté comporte de fortes restrictions sur les cultures qui pourront être implantées les trois années suivant une betterave traitée avec des néonicotinoïdes ».

 

Selon elle, ces contraintes découlent « d’un avis de l’Anses scientifiquement insuffisamment étayé [qui] risque de conduire à un appauvrissement de la rotation des cultures de nature à impacter les équilibres de plusieurs filières dont la nôtre ».

 

Le syndicat demande ainsi « l’amplification des travaux scientifiques pour permettre l’émergence de cadres réglementaires conciliant au mieux les enjeux de biodiversité, d’agriculture et d’alimentation dans une approche plus englobante ».

 

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Maintien des surfaces

Pour Franck Sander, président de la CGB, « cette dérogation était très attendue par les betteraviers qui en avaient un besoin impérieux pour protéger leurs betteraves et maintenir leurs surfaces ».

 

« Les contraintes imposées sont lourdes et contraires à nos bonnes pratiques agronomiques, mais nous comptons sur l’engagement de notre communauté scientifique pour apporter les éléments nécessaires à une adaptation plus pertinente de ce cadre », ajoute-t-il.

 

Et d’assurer que la filière « mettra en œuvre ses engagements de réduction des doses de substance active de 25 % et d’implantation de 4 000 hectares de surfaces mellifères dans les régions betteravières ».

Dispositif d’indemnisation

La CGB salue également « le respect des engagements pris par le ministre » concernant le dispositif d’indemnisation mis en place pour la campagne de 2020. L’indemnisation sera en effet déclenchée pour des pertes supérieures à 30 % du rendement historique pour les exploitations bénéficiant d’une assurance climatique et à 35 % pour les exploitations non assurées, afin de répondre à l’impact économique de la crise sanitaire due à la jaunisse.

 

Cristal Union a aussi salué le 9 février 2021 la publication de l’arrêté sur les néonicotinoïdes qui « redonne du souffle et des perspectives à l’ensemble de la filière ». Mais comme la CGB, la coopérative sucrière regrette les contraintes sur les cultures suivantes et « reste en attente d’un avis favorable de l’Anses ».

Avis de l’Anses en attente

Selon le ministère de l’Agriculture, l’Anses n’a pas encore été saisie pour avis sur les mesures d’atténuation de ces contraintes proposées dans le texte. « L’arrêté entretient encore une incertitude pour certains bassins de production, juge Nicolas Rialland, directeur environnement et affaires publiques à la CGB. Notamment en Alsace où du maïs est généralement implanté derrière quatre betteraves sur cinq ».

 

Or l’arrêté interdit la culture du maïs l’année suivant une betterave dont les semences ont été traitées aux néonicotinoïdes. Sauf si la mesure d’atténuation est validée par l’Anses, à savoir l’utilisation de semences de betteraves non traitées, sur une largeur d’au moins dix-huit rangs de betteraves qui ne peut être inférieure à huit mètres.