Cet automne, les semis de prairies longue durée sont compromis, en raison d’une fin d’été 2016 très sèche, notamment dans l’ouest de la France. La majorité des sols n’a pas pu être préparée. En outre, un salissement important de la parcelle serait probable suite aux premières pluies. Par conséquent, le semis de prairies sous couvert de céréales peut être une solution. L’objectif est d’avoir une prairie déjà implantée, démarrée dès l’ensilage ou la récolte de la céréale (lire l’encadré ci-dessous).
Gagner un cycle de récolte
Outre l’esquive de la sécheresse de fin d’été, l’intérêt est aussi de diminuer le risque de salissement de la prairie, de limiter le travail du sol et de gagner un cycle de récolte. Une première exploitation de la prairie est en effet possible 6 à 8 mois plus tôt que si elle était semée après la moisson de la céréale.
Il faut toutefois avoir en tête que le désherbage chimique de la céréale ne sera pas possible en raison de la diversité des espèces et du manque de sélectivité des produits. « Il convient donc de choisir une parcelle relativement propre », insiste Anthony Uijttewaal, ingénieur « agronomie et récolte des fourrages » chez Arvalis. Par ailleurs, le risque est que le rendement de la céréale soit affecté.
Autre élément à prendre en compte : la date de semis. « Il ne faut pas qu’elle arrive trop tard pour la prairie, afin d’éviter que les plantules subissent le gel hivernal, et trop tôt pour la céréale, qui deviendrait plus sensible au gel d’épi au printemps », explique le spécialiste. Un semis début octobre semble un bon compromis. Blé, orge, triticale peuvent être implantés en premier, au semoir à céréales, à une profondeur de 2-3 cm. « Cette année, les poids de mille grains du blé sont petits, la dose de semis sera d’environ 100 kg/ha », chiffre Victoire Depoix, de la chambre d’agriculture de la Vienne. L’objectif est de ne pas étouffer la prairie. Pour cette dernière, il faut choisir des espèces qui s’installent très vite. Le ray-grass anglais et le trèfle blanc sont bien adaptés à une exploitation en pâturage, en mélange pour avoir moins de risque de perte. Le trèfle violet sera préférable en cas de fauche. Le mélange pourra être semé à la volée juste après la céréale, à la dose de 10-15 kg/ha. La profondeur de semis ne doit pas dépasser 1 cm. Victoire Depoix conseille ensuite de rouler la terre. Les apports d’azote sur la céréale devront être limités à 50-60 unités.
En revanche, « le ray-grass d’Italie est trop agressif, la végétation explose au printemps, risquant de concurrencer la céréale », explique Anthony Uijttewaal. La luzerne ne convient pas non plus car elle est sensible au froid et reculer sa date de semis ne lui permettrait pas d’atteindre un développement suffisant avant l’arrivée de l’hiver.