Les agriculteurs français et espagnols ont mis fin ce mardi 4 juin 2024 matin, comme prévu, au blocage des points de passage transfrontaliers qu’ils occupaient depuis hier pour réclamer notamment une énergie moins chère. Selon des sources concordantes, le trafic autoroutier était en train de reprendre progressivement.

Les manifestants entendus

« Nous partons et nous dirigeons vers le sud », a affirmé Martí Planas, un agriculteur espagnol du collectif Revolta Pagesa (Révolte paysanne) qui participait au blocage de la frontière au point de passage de La Jonquère (entre les Pyrénées-Orientales et la Catalogne). « La manifestation a été un succès parce que nous nous sommes joints aux Français et [à des agriculteurs du] reste de l’Espagne, et cela a été un succès en termes d’organisation », a-t-il jugé.

Du côté français, Jérôme Bayle, éleveur de la Haute-Garonne devenu figure du mouvement de contestation agricole du début de l’année et présent sur ce nouveau mouvement de protestation, se félicitait d’une « action coup de poing », selon lui, réussie car « on a été entendus », « le gouvernement nous a appelés ».

L’agriculteur a notamment confié s’être entretenu au téléphone avec Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture. En Espagne comme en France, les grands syndicats agricoles n’ont pas participé à la mobilisation, qui a perturbé plusieurs axes routiers entre les deux pays.

L’A9 encore perturbée

Les mesures de gestion de la circulation ont été levées sur l’A64 reliant Bayonne et Toulouse ou sur l’A63 entre Bordeaux et Saint-Sébastien, a indiqué une porte-parole de Vinci Autoroutes à l'AFP.

Près de la Méditerranée, sur l’A9 entre Barcelone et Montpellier, les poids-lourds, qui avaient été contraints de stationner en attendant la fin du blocage, ont repris la route sur cet axe majeur de circulation qui reste donc, compte tenu du volume de véhicules à écouler, encore perturbé, selon la même source.

Des restrictions de circulation de la France en direction de l’Espagne, pour les véhicules légers restaient en vigueur, selon Vinci qui invitait les automobilistes à se renseigner sur ses réseaux sociaux. En Espagne, la circulation reprenait également sur l’AP7 qui prolonge l’A9 de l’autre côté de la frontière, ainsi que sur les autres axes jusqu’à présent touchés.

Jusqu’à huit points de passage entre l’Espagne et la France ont été bloqués lundi, tout le long des Pyrénées, de la Catalogne au Pays basque.

L’objectif affiché de cette mobilisation, entamée lundi tôt dans la matinée, était de « peser » sur la campagne des élections européennes, dont le scrutin a lieu le 9 juin prochain en France, pour réclamer une énergie moins chère et le respect des clauses miroirs (qui supposent d’imposer aux agriculteurs de pays tiers les mêmes normes environnementales que celles prévues dans l’Union européenne).

« Pas le bout du monde »

« Personne n’achèterait jamais un jouet ou une voiture non conforme à la réglementation européenne, mais des aliments sont importés et vendus alors qu’ils ne la respectent pas », expliquait lundi l’Espagnol Josep Ballucera, agriculteur de 39 ans venu de Santa Coloma de Farners, dans la province de Gérone.

La mobilisation d’agriculteurs des deux pays, phénomène rare, a été « historique », selon Jérôme Bayle. « On ne demande pas le bout du monde, juste que l’Europe soit uniformisée dans la réglementation et les taxes », ajoute-t-il.

Si l’action touche à sa fin, l’éleveur français assure avoir « prévenu » le gouvernement : « On attend des réponses positives à nos revendications avant la fin d'octobre ou au début de novembre, ou l’Europe s’embrasera. »

« On a la prétention de dire que c’est le début d’une coordination européenne. Ce qu’on a fait pourra se refaire partout dans l’Union européenne, sur les autres frontières », a averti Xabi Dallemane, éleveur de volailles à Bidache (Pyrénées-Atlantiques).