La Coordination rurale s’inquiète du possible non-renouvellement de l’homologation du prosulfocarbe et de la diminution du nombre de matières actives. Avec l’augmentation des résistances, le désherbage des graminées sur les cultures d’hiver devient très compliqué, a alerté Patrick Legras, le 7 septembre 2023 lors de la conférence de rentrée du syndicat. « Pour le désherbage du blé, il ne reste que quatre matières actives, s’agace-t-il. L’Efsa n’a homologué aucune molécule depuis 2019 et en a interdit 19, sans parler des restrictions d’usage qui ont été mises en place ou encore de l’obligation d’utiliser des dispositifs antidérive. »
Une baisse de 20 % de la production
Le prosulfocarbe est homologué jusqu’au 30 octobre 2023, et le syndicat craint que son autorisation d’utilisation ne soit pas renouvelée. « Une baisse de 20 % de production à l’échelle française est totalement envisageable si le prosulfocarbe est supprimé », estime Patrick Legras. Ce qui ne va pas dans le sens d’un maintien de la souveraineté alimentaire française, dénonce la Coordination rurale.
« Malgré cette volonté de garder une certaine souveraineté alimentaire, en un an, nous avons multiplié par deux les importations de céréales, alerte-t-il. […] Être écologique, c’est bien, ne plus assurer sa souveraineté alimentaire au niveau français et européen, c’est très grave ! »
Une « desagriculturation » de » la France
La Coordination rurale veut alerter plus largement sur la « desagriculturation » de la France. « Nous agriculteurs, nous sommes déjà ceux qui font de l’écologie appliquée ! martèle Véronique Le Floc’h, présidente du syndicat. Nous sommes vent debout contre ceux qui font de l’écologie dogmatique. »
L’agricultrice dénonce un concept « repris dans un objectif électoral » qui entraîne un renforcement de la réglementation et des contraintes pour les agriculteurs. « On est en permanence assommé par ces normes qui s’appuient sur de la science, mais surtout de la pseudoscience. Les vrais rapports scientifiques ne sont pas pris en compte ! C’est le rôle d’un syndicat de le dire. »
Avoir les moyens de produire
Sur le stockage de l’eau, par exemple, « on a oublié tout ce qui marchait dans la récupération de l’eau, plusieurs études anciennes, notamment une du Giec de 2015, le montraient », rappelle Véronique Le Floc’h. Et d’ajouter : « Priver d’eau l’agriculture, c’est lui faire perdre en compétitivité. »
« Sur la question de l’élevage, les chiffres mis en avant sont ceux qui “accusent” l’élevage, notamment en ce qui concerne le méthane », regrette la productrice, « alors que l’élevage participe aussi au maintien de la biodiversité et au stockage du carbone ».
Des importations massives
Le syndicat revendique le fait de prendre en compte l’écologie, mais de pouvoir continuer à produire en France. Véronique Le Floc’h estime que « l’écologisation » de l’agriculture est à l’opposé des attentes des consommateurs. « Nous importons massivement, en animal comme en végétal, des produits qui ne correspondent pas à nos normes », regrette-t-elle.
« La Coordination rurale ne cautionne pas ce discours apocalyptique qui voudrait nous rationner l’eau et le carbone. Le changement climatique a toujours existé, défend Véronique Le Floc’h. […] On est conscient du changement climatique, mais il a toujours existé. Il faut qu’on nous donne les moyens de produire. »