Près de 80 agriculteurs étaient réunis à Provins (Seine-et-Marne) le 9 février 2023 pour le congrès de France Grandes Cultures, syndicat spécialisé de la Coordination rurale. La table-ronde sur les valorisations possibles du carbone en grandes cultures a fait réagir l’assemblée qui réunissait, curieux, déçus et sceptiques. Diane Masure, agricultrice dans l’Aube et vice-présidente de l’Apad (Association pour la promotion d’une agriculture durable), a présenté la démarche Label bas carbone dans laquelle l’association s’est engagée à travers 230 membres en agriculture de conservation des sols.

"Nous garantissons un prix minimum pour l’agriculteur de 50 €/t de CO₂ stockée par an, calculé en fonction du coût que représente une transition agroécologique, explique Diane Masure, qui précise que le tarif est indexé sur celui des intrants. Le contrat est signé entre les agriculteurs et les acheteurs, sans intermédiaire. Dans les diagnostics que nous menons, la moyenne est d’environ 1,5 t de CO₂ stockée par hectare et par an." Pour les agriculteurs dont les pratiques permettent déjà de capturer du carbone, l’idée est de comparer sa situation à une moyenne régionale.

Favoriser les pratiques vertueuses

De son côté, Chuck de Liedekerke, cofondateur de Soil Capital, a fait preuve de transparence face aux interrogations de l’auditoire. "Notre entreprise fait office d’intermédiaire entre les agriculteurs et les acheteurs, et nous prenons une commission de 30 % sur la rémunération du crédit carbone, indique-t-il. En 2022, la tonne de carbone stockée par an a été payée 33 €, ce qui représentait en moyenne 5 000 € par an et par exploitation."

Si pour certains agriculteurs présents les crédits carbone permettront de favoriser des changements de pratiques plus vertueuses pour l’environnement, d’autres craignent que ce marché devienne purement mercantile. "Est-ce notre rôle de vendre du carbone ? Faut-il raisonner cette valorisation par filière ? etc. Pour Damien Brunelle, président de France Grandes Cultures, il reste encore beaucoup de questions sur ce sujet très complexe."