L'inquiétude est grande du côté de La Coopération Agricole. L'organisme a alerté ce 21 septembre 2022 sur un risque d'arrêt des activités ou de défaillances de coopératives. En cause, l'inflation qualifiée de « mur infranchissable » par Dominique Chargé, président de La Coopération Agricole.
L'inquiétude d'une pénurie d'engrais
Lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'organisation à Paris le 21 septembre, plusieurs chiffres de conjonctures ont été livrés. Alors que la veille Yara France n'excluait pas de pénuries d'engrais, 50 % des capacités de production d'ammonitrates sont à l'arrêt en Europe, selon La Coopération Agricole. Dans le même temps, cette dernière s'inquiète de l'inflation de certaines matières premières (+ 40 à 50 % du prix du blé tendre, du maïs et du colza) et de la disponibilité du lait où la production est en baisse de 4 %.
C'est sûrement du côté du prix de l'énergie que les plus grandes craintes sont exprimées. La Coopération Agricole enregistre une hausse de coût du gaz naturel de 350 % et de 380 % pour l'électricité cumulés en 2021 et 2022. « L’augmentation du coût de l’énergie entraînera des déficits importants que les entreprises ne pourront pas absorber », a prévenu Dominique Chargé. Il a pris pour exemple une coopérative qui avait une facture énergétique en 2021 de 2 millions d'euros alors qu'elle s'attend à une prochaine facture prévisionnelle de 17 millions d'euros alors que son dernier résultat net était de 5 millions d'euros.
Contrer la hausse du coût de l'énergie
Outre la hausse du coût, les coopératives craignent aussi sur la disponibilité du gaz et de l'électricité. « Nous demandons que nos métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire soient reconnus comme répondant à l’intérêt général. Si on doit faire face à des demandes de délestage, nous demandons que nous en soyons exonérés », a annoncé le président de La Coopération Agricole. Le 29 août devant le Medef, la Première ministre Elisabeth Borne avait révenu d’un risque de « coupures brutales de gaz » cet hiver, mais aussi d’électricité en précisant que « les entreprises seraient les premières touchées ».
Il demande aussi la révision des critères européens d'éligibilité de prise en charge de la facture énergétique des entreprises. « Sur l'enveloppe de 3 milliards d'euros, seuls 50 millions ont été consommés, ce qui monte que ces critères sont inaccessibles », a précisé Dominique Chargé. Parmi les autres mesures souhaitées en urgence, il souhaite la mise en place d'un bouclier énergétique « plus efficace » et l'indexation des coûts de l'énergie dans la fixation des prix des produits alimentaires.
Un « pacte pour la souveraineté »
Pour contrer les effets de cette conjoncture mettant à mal la sécurité alimentaire française, Dominique Chargé a appelé à une « prise de conscience » avec notamment la proposition d'un « pacte de souveraineté entre les acteurs de la filière alimentaire, les consommateurs et les pouvoirs publics ».
« Alors que nous avons bâti nos chaînes d’approvisionnement sur la base d’un monde stable et abondant, le basculement dans un monde marqué par l’instabilité et les probables pénuries nous impose de changer de paradigme », a-t-il ajouté.